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Page:Corneille - Dictionnaire des arts, 1694, T1, A-D.djvu/9

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DICTIONNAIRE

UNIVERSEL

DES TERMES DES ARTS ET DES SCIENCES.

ABA

BADA, s. m. Animal farouche du pays de Benguela, dans la basse Ethiopie. Il est gros comme un poulain de deux ans. Sa queuë est semblable à celle d’un boeuf, quoiqu’elle ne soit pas si longue, & il a du crin comme un cheval, auquel il ressemble par la teste, l’ayant toutefois plus plate & plus courte. Son poil est plus épais & plus rude  ; ses pieds sont fendus comme ceux du cerf, mais beaucoup plus gros. Il a deux cornes, l’une sur le front, l’autre sur la nuque. Celle du front est unie, longue de trois, ou de quatre pieds, épaisse vers la racine comme la jambe d’un homme, pointuë par le bout, & droite quand l’Abada est encore fort jeune  ; mais à mesure qu’il croist, elle se recourbe en devant comme les défenses d’un Elephant. On dit que cet Animal la plonge dans l’eau de temps en temps pour en chasser le venin qui pourroit y estre. La corne qu’il a sur la nuque est plus courte & plus plate que celle du front. La couleur en est noire ou d’un brun enfoncé, & la limure blanche. Quoique l’Abada coure fort legerement, il ne sçauroit toûjours éviter les traits des Negres qui le poursuivent pour avoir sa corne, qu’on estime un tres-bon preservatif. Il y a de ces cornes qui agissent avec plus d’efficace les unes que les autres, selon l’âge qu’ont ces animaux quand on les tuë. On fait un cataplasme de leurs os, reduits en poudre & meslez avec de l’eau, & on l’applique sur les parties où l’on sent quelque douleur. Ce remede attire au dehors les impuretez


qui causoient le mal, & quand le corps en est tout à fait purgé, ce mesme onguent referme les ouvertures qu’il a faites.

ABADIR. Nom que les Mythologistes donnent à une pierre qu’on presenta à Saturne enveloppée dans des linges, & qu’il avala croyant manger un fils dont sa femme Ops venoit d’accoucher. Il ne vouloit point élever d’enfans, à cause qu’il avoit sceu du Destin que l’un d’entr’eux le déthroneroit. Lactance Firmien dit que la pierre Abadir étoit le Dieu Terminus. Hesichius est du mesme sentiment, & Pausanias rapporte qu’on la gardoit à Delphes dans le Temple d’Apollon. Selon Papias le mot Abadir a autrefois signifié Dieu.

ABAISER. v. a. Vieux mot. Appaiser.

Pallas qui la noise abaisa.

ABAISSE. s. f. Terme de Patissier. Paste dont on fait le dessous d’une piece de patisserie.

ABALOURDIR. v. a. Vieux mot. Abrutir, estourdir, rendre stupide.

ABANDONNER. v. a. On dit en termes de Fauconnerie, Abandonner un oiseau, pour dire, Le mettre libre en campagne.

On le dit aussi d’un oiseau qu’on laisse aller quand on veut s’en défaire entierement.

ABAQUE. s. m. Terme d’Architecture. On appelle ainsi la table quarrée, qui fait le couronnement du chapiteau des colonnes, & qui dans celles de l’ordre Corinthien, represente cette espece de tuile quarrée, qui couvre la corbeille ou le panier qu’on feint environné de feuïlles. Il signifie aussi un bufet sur lequel on arrange les vases dans un festin. Ce mot vient du Grec αβαξ ou άβακιον.

ABASSI. s. m. Sorte de monnoye qui a cours en Orient, & qui vaut environ deux réales d’Espagne.

ABATEIS. s. m. Vieux mot. Forest.

ABAT-JOUR. s. m. Sorte de fenestre embrasée de haut en bas, par laquelle on reçoit un jour d’enhaut, qui éclaire les lieux bas, tels que sont les offices


Tome III.

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