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LAMINOIR. s. m. Terme de Monnoye. Machine composée de deux rouleaux d’acier en forme de cylindre, épais environ de deux pouces, & en ayant quatre de diametre, entre lesquels on fait passer les lames d’or ou d’argent, & on leur donne l’épaisseur dans laquelle l’espece doit estre fabriquée. Ces rouleaux sont fort serrez sur leur épaisseur, enclavez par le milieu dans des branches de fer quarré, & tournez par les rouës d’un moulin que des chevaux font tourner.

LAMPAS. s. m. Terme de Manege. Enflure qui vient dans le haut de la bouche des chevaux, derriere les pinces de la machoire superieure. On appelle aussi cette tumeur Feve.

LAMPASSÉ, ée. adj. Terme de Blason. Il se dit de la langue des lions & autres animaux, lors qu’elle paroist hors de leur gueule, & que l’émail en est different de celuy du corps de l’animal. De gueules au lyon d’hermines, armé, lampaßé & couronné d’or.

LAMPE. s. f. Vase où l’on met de l’huile avec de la meche pour éclairer. Acad. Fr. Le Pere Kirker enseigne la maniere de preparer des lampes qui jettent une lumiere disposée de telle sorte, qu’elle fait paroistre les visages de ceux qui sont presens, noirs, livides, rouges, ou de telle autre couleur que l’on veut. Dans les voutes de l’ancienne Memphis on trouve des Lampes ardentes faites de craye cuite en forme d’homme, de chien, de taureau, d’épervier, de serpent, ou d’autres sortes d’animaux. On en a vû qui avoient trois ou quatre lumignons, & d’autres qui en avoient dix ou douze. Ces Lampes brusloient toûjours, ainsi que témoignent les Arabes & les Naturalistes. En 1401. un Paysan déterra proche du Tibre à quelque distance de Rome, une Lampe de Pallas, qui avoit bruslé plus de deux mille ans, comme on le vit par l’inscription, sans que rien eust pû l’éteindre. La flame s’en éteignit si-tost qu’on eut fait un petit trou dans la terre. Du temps du Pape Paul III. on trouva hors de la ville de Rome sur la Voye Appie, une de ces Lampes ardentes. Elle estoit dans le tombeau de Tullia, fille de Ciceron, avec ces mots, Tulliolæ filiae meæ. Cette Lampe, qui avoit bruslé pendant tant de siecles, s’éteignit si-tost qu’elle sentit l’air. Selon l’opinion de plusieurs Sçavans, il y a des choses qui entretiennent le feu, & qui ne se consument point estant allumées, comme la pierre d’Asbeste, d’Amiante ; & ce doit estre par ces sortes de matieres que ces Lampes n’ont point cessé de brusler. On convient que le lumignon d’Asbeste est incorruptible, & le Pere Kirker asseure qu’il en a vû brûler un deux ans dans sa lampe sans aucun dechet. La seule difficulté est de pouvoir bien tirer une huile de l’Asbeste ou de l’Amiante. Il est certain, selon ce qu’en disent plusieurs Arabes & de tres-celebres Ecrivains, que les Egyptiens ont eu dans leurs tombes des lampes inextinguibles, qui estoient sans huile d’Asbeste, & dont Schianga, fameux Arabe, rapporte que l’artifice estoit tel. Il y a plusieurs veines de bitume & d’huile de pierre dans l’Egypte. Les Habitans qui s’en apperçurent, firent des canaux souterrains depuis ces veines jusques à leurs tombes ; & en mettant une lampe garnie d’un lumignon inextinguible, qui communiquoit à ce canal, il arrivoit que le lumignon ne se consumant point, & l’huile coulant sans cesse, la lampe une fois allumée ne s’éteignoit point. D’autres croyent que l’air enfermé contracte par succession de temps, & par le meslange des corps grossiers qui s’évaporent, un certain degré d’épaisseur & de consistance, qui fait qu’aussi-tost qu’un air frais entre, il prend facilement feu par une opposition des qualitez contraires. On voit quelquefois briller ces sortes de flammes sur les cimetieres & sur les marais, d’où s’élevent quantité d’exhalaisons épaisses ; & ceux qui travaillent aux montagnes, asseurent qu’on n’ouvre presque jamais de nouvelles cavernes, qu’on n’en voye sortir de ces feux volages. On rapporte que dans la ville de Fez il y a une Mosquée où sont neuf cens lampes de bronze que l’on a foin d’allumer toutes les nuits. On en voit une à Mexique de huit cens mille écus. Elle est chez les Dominicains, & porte trois cens branches avec leurs bobeches, & cent petites lampes de divers desseins.

On appelle Cul de lampe, Un ornement qu’on voit d’ordinaire aux clefs des voutes. Il se fait pour finir & terminer le dessous de quelque ouvrage. On donne ce mesme nom de Cul de lampe à de certains ornemens que l’on grave pour mettre à la fin d’un cuivre quand les ornemens se terminent par en bas en diminuant.

Les Imprimeurs appellent aussi Cul de lampe, Une espece de vignette dont ils se servent pour remplir le blanc des pages qui font la fin d’un chapitre ou d’un livre.

Feu de lampe. Terme de Chymie. Feu doux & lent d’une lampe qui est allumée sous quelque vaisseau.

LAMPETIENS. s. m. Heretiques qui enseignoient qu’il ne devoit point y avoir de difference d’habits entre les personnes Religieuses. Ils approuvoient quelques dogmes des Ariens, & en general ils rejettoient presque toutes sortes de creance. Lampetius leur Auteur, qui leur a donné son nom, semoit ses erreurs dans le septiéme siecle.

LAMPION. s. m. Sorte de cul de lampe de terre où l’on met de l’huile ou de la graisse pour brûler.

On appelle aussi Lampion, un Vase de cristal ou de verre, que l’on suspend au milieu des lampes d’Eglise entre le panache & le culot. C’est où l’on met l’huile avec la meche.

LAMPROYE. s. f. Poisson de mer cartilagineux qui ressemble à une anguille, & qui entre dans les rivieres lorsque le Printemps commence. La Lamproye a le ventre blanc, la peau lisse, & le dos semé de taches blanches & bleuës. Elle n’a point d’os, & sa chair est molle & gluante. On appelle Lamproye cordée, Celle qui a passé sa saison, & qui est devenuë dure. Quelques-uns font venir le mot de Lamproye à lambendis petris, & d’autres de Nampreda, qui est le nom qu’a eu ce poisson chez les vieux Gaulois. M. Ménage le derive du Latin Lampetra, qui a esté dit pour Murena, qui signifie Lamproye.

Il y a aussi une Lamproye de riviere. C’est un petit poisson qui vit d’eau & de fange, & qui n’est que de la grandeur d’un doigt, ou d’un gros ver de terre.

LAMPSANA. s. m. Matthiole est du sentiment de Pline, qui tient que le Lampsana est une espece de chou sauvage, haut d’un pied, ayant ses feüilles veluës & semblables à celles des navets, si ce n’est qu’il jette ses fleurs blanches. M. Callard de la Duquerie dit que selon Dodonaeus c’est une maniere de laiteron, en Grec λαμψάνη, de λαμπάζειν, Evacuer, à cause que cette herbe frottée avec de l’huile fait partir les taches.

LAN

LANCE. s. f. Arme d’hast ou à long bois, qui a un fer pointu, & est fort grosse vers la poignée. Acad. Fr. Borel derive ce mot de l’Hebreu Lanth, qui signifie la mesme chose, & dit que les Lances sont d’abord appellées simplement, Bois par excellen-