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vertu acre & piquante. Le bon Laser, selon Dioscoride, est celuy qui est roux, transparent, tirant à la myrrhe, & qui n’est point vert comme le poreau, mais odorant, de bon goust & blanc, aprés qu’on l’a détrempé. Celuy qui croist en Cyrene, fait suer tout le corps pour peu qu’on en gouste, & a une odeur si douce, que ceux qui l’ont dans la bouche, le sentent à peine. Celuy de Surie & de Mede a une odeur plus facheuse. Matthiole a cru long-temps que ce jus ou cette gomme estoit le benjoin, mais il a esté détrompé par une remarque de Strabon, qui dit que de son temps le Laserpitium estoit failly en Cyrene ; outre que Pline rapporte que lors qu’il vivoit il se vendoit au poids de l’argent, & que l’Empereur Neron l’estimoit si fort, qu’il le tenoit enfermé parmy les choses les plus singulieres & les plus rares. D’ailleurs, Dioscoride rapporte que le Laser vient d’une plante dont la tige est semblable à la ferule, & qui ne convient pas au benjoin, parmy lequel on trouve de grosses écorces qui font connoistre qu’il sort de quelque arbre. Le Laser a aussi une vertu forte & acre, & le benjoin n’a aucune acrimonie au goust. Matthiole conclut de tout cela qu’on ne peut plus recouvrer de vray & legitime Laser.

LASERPITIUM. s. m. Plante qui produit plusieurs grosses racines, & dont la tige est aussi haute que celle de la ferule. Ses feüilles ressemblent à celles de l’Ache, & sa graine est large & feüilluë. Le Laserpitium, à ce que dit Theophraste, jette sa feüille lorsque le Printemps commence. C’est dequoy le menu bestail se purge & s’engraisse, & & ce pasturage rend sa chair meilleure & de meilleur goust. Ensuite il produit sa tige qui ne dure qu’une saison, non-plus que la tige de ferule, & qui est singuliere mangée boüillie ou rostie sous la cendre ; elle purge universellement ceux qui continuent quarante jours à en manger. On tire deux sortes de jus de cette plante, l’un de sa tige, & l’autre & sa racine, qui est couverte d’une écorce noire qu’on oste ordinairement. Quelques-uns disent que cette racine est longue d’une coudée ; que sur le milieu elle produit une certaine grosseur faite en maniere de teste, de laquelle sort premierement ce qu’on appelle le lait, puis la tige qui produit le Magydaris & ce que l’on nomme feüille. Cette feüille est la graine, qui tombe au premier vent du Midy qui souffle aprés les jours caniculaires ; & voila comme vient le Laserpitium, desorte qu’il croist en un an, & en racine & en tige, ce qui arrive à bien d’autres plantes, si ce n’est qu’on veüille dire que sa graine tombée croist aussi-tost, & que cette plante auroit cela de particulier. Quant à ce qu’on appelle Magydaris, il est different du Laserpitium, estant moins vehement, plus tendre & ne jettant point de gomme. Galien parlant du Laserpitium dit que sa tige, ses feüilles & sa racine sont assez chaudes ; & que neantmoins elles sont venteuses, flatueuses & par consequent de difficile digestion, que leur vertu est plus grande estant appliquées par dehors, & sur tout le jus à cause de sa grande attraction. Les Grecs appellent le Laser pitium σίλφιον.

LASSER. v. a. On dit en termes de Marine, Lasser une voile, pour dire, Saisir la voile à la vergue avec un quarantenier qui passe dans les yeux de pie, ce qui se fait lors qu’on se trouve surpris d’un gros vent, & que les garcettes sont sans rides.

LASSIERES. s. f. Vieux mot. Laqs de Chasseur.

Comme toiles, filets, rets, pieges, laqs, poyaux,
Huttes, cordes, coliers, lassieres & raiseaux.

LASTE. s. m. Terme de Marine. Nombre de deux tonneaux. Les Vaisseaux Hollandois se mesurent or-


dinairement par lastes, & on dit Une fluste de deux cens lastes, pour dire, qu’Elle est du port de quatre cens tonneaux.

LATAINE. s. f. Vieux mot. Colere.

De jalousie ne lataine.

LATANIER. s. m. Arbre des Antilles, qui sort d’une grosse mote de racines, & qui n’est jamais plus gros que la jambe. Il est presque par tout égal, & se leve droit comme une fleche, quelquefois jusqu’à la hauteur de quarante ou cinquante pieds Il a tout autour un doigt d’épaisseur d’un bois dur comme le fer, & tout le reste est filasseux comme le cœur des palmistes. Il a environ deux pieds de l’extremité de l’arbre en haut, envelopez de trois ou quatre doubles d’une espece de canevas naturel, qui semble avoir esté filé & tissu de main d’homme. De cette envelope sortent quinze ou vingt queuës longues de cinq à six pieds, vertes & dures, & toutes semblables à des lames d’estocade. Chacune de ces queuës porte une feüille qui dans son commencement est toute plissée. Elle s’ouvre avec le temps, & s’étend en rond, & à un demi-pied prés de l’extremité tous les plis s’entre-separent, & font autant de pointes qu’il y a de plis dans la feüille qui a la figure d’un Soleil rayonnant. Ces feüilles estant liées par petits faisceaux servent à couvrir les cases & la peau ou écorce que l’on enleve de dessus les queuës, est propre à faire des cribles, des paniers, & autres petits ouvrages. On fait aussi du bois de cet arbre, des arcs, des massuës dont les Sauvages se servent au lieu d’épées. On en fait encore des zagayes, qui sont de petites lances aiguës qu’ils dardent avec la main, & ils en munissent la pointe de leurs fleches, qui sont par ce moyen aussi penetrantes que si elles estoient d’acier. On vuide aussi le tronc de cet arbre, & on en fait des canaux pour conduire les eaux des fontaines.

LATEBRES. s. f. Vieux mot. Cachettes, lieux retirez & secrets, du Latin Latebrae, qui veut dire la mesme chose.

En repentailles, en latebres
Trebucha ça jus en tenebres.

LATENT, ente. adj. Vieux mot. Caché, qui ne paroist point aux yeux, du Latin Latere, Estre caché. Quelques-uns s’en servent encore dans cette phrase, Vices latents d’un cheval, comme pousse, morve, courbature dont le vendeur est obligé de le garantir pendant neuf jours.

LATIN, ine. adj. On appelle en termes de Mer, Voile Latine. Une Voile faite en triangle ou à tiers point. On l’appelle autrement Voile à oreille de lievre. On se sert fort des Voiles Latines sur la Mediterranée & dans les Galeres.

LATINIER. s. m. Vieux mot. Truchement.

Alexandre l’entend sans autre Latinier.
Car de plusieurs langages s’estoit fait affaitier.

LATITER. v. a. Vieux mot. Estre caché, du Latin Latitare, qui veut dire la mesme chose.

Qui aux buissons secrets se Latiterent.

Quelques-uns disent encore au Palais, Cacher & Latiter les effets d’une succession.

LATITUDE. s. f. Terme de Geographie. Distance comprise depuis un certain lieu jusques à la Ligne équinoctiale ; cette distance est toûjours égale à la hauteur du Pole de l’horison de ce mesme lieu. La Latitude est Septentrionale, lorsque le lieu est compris entre la Ligne & le Pole Arctique, que l’Estoile Polaire fait discerner aux Pilotes, & elle est Meridionale quand le lieu est situé entre la Ligne & le Pole Antarctique.