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rie, pour faire casser des Contrats faits en minorité, & ceux dans lesquels il y a lesion énorme ou dol personnel & apparent. Ces sortes de Lettres servent à remettre les parties au mesme estat où elles estoient avant qu’elles eussent contracté.

On appelle Lettres de Profession, les Vœux d’un Religieux ou d’une Religieuse, signez par eux aprés qu’ils les ont prononcez solemnellement & dans toutes les formes requises.

Lettre de change, se dit d’une certaine somme d’argent que l’on donne à prendre par un billet sur quelque negociant ou autre particulier, soit à veuë, soit aprés un certain temps ; ce qui s’appelle, Tirer une lettre de change. On dit, Accepter une lettre de change, quand celuy sur qui la lettre est tirée, met son nom au bas, pour marquer qu’il s’oblige de la payer dans son terme.

On appelle Lettre Dominicale, la Lettre rouge qui marque le jour des Dimanches dans les Almanachs.

LETTRIER. s. m. Vieux mot. Inscription.

LEV

LEVAIN. s. m. Petit morceau de paste aigrie, qu’estant meslée avec la paste dont on veut faire le pain sert à la faire lever. Acad. Fr. Les Medecins reconnoissent dans le ventricule un levain semblable à celuy des Boulangers, qui faisant lever les alimens les change par le moyen de la fermentation. Ce levain est un suc acide, volatile & spiritueux, ou salin & armoniacal, qui lors qu’il est dans l’état naturel, incise, penetre & dissout l’aliment aprés qu’il a esté masché, empreigné de la salive, & plus ou moins delayé par la boisson. Il y produit le mouvement intestin ou fermentatif, moyennant quoy l’aliment est volatilisé, & reçoit la tissure & la qualité propre & specifique à tel sujet, sans quoy le chyle n’est propre ny à s’assimiler avec le sang, ny à faire une bonne nutrition, mais seulement à porter les semences de diverses maladies dans toutes les parties du corps. Ce levain se joint aux sels volatiles, dont les alimens tirez tant des vegetaux que des animaux sont empreignez, avec lesquels il rend la fermentation plus parfaite, & la continuë jusqu’à ce que ces mesmes alimens ayent esté suffisamment brisez & changez en un suc, tantost tirant sur l’acide, & tantost sur le salé volatile à proportion du sujet. Ce levain acide volatile de l’estomac fait l’office de menstruë dans l’affaire de la digestion, en penetrant & dissolvant intimement les alimens, leur imprimant de l’acidité, détachant leurs particules les unes des autres, & mettant en liberté les sels qui estoient comme emprisonnez auparavant. Il commence aussi la fermentation par son acide volatile avec les sels alcalis des alimens ; il les volatilise & leur donne une nature speciale. Il n’est pas dans l’estomac en consistance d’un corps fluide ou d’un menstruë abondant ; il y est seulement inspiré, particulierement dans le temps de la digestion, & hors ce temps-là l’opinion de Vanhelmont est qu’il est caché & presque insensible à l’égard de son volume dans les rides des parois de l’estomac. Ces levains sont tres-differens les uns des autres dans les animaux, dont chaque espece a le sien. Ils ne laissent pas de convenir tous plus ou moins en acide. C’est ce qui fait que ce qu’une espece ne peut digerer, est digeré par une autre. On peut dire mesme que les levains changent dans chaque individu, selon les circonstances, comme dans l’homme où le levain varie en acrimonie, en volatilité, & en ses autres proprietez, selon l’âge, le sexe, les alimens &


l’état de santé ou de maladie. Quant à ce qui regarde son origine, les uns disent qu’il est naturellement implanté à la substance du ventricule où il se repare & se renouvelle toûjours ; ce que l’on pretend ne pouvoir estre à cause que la digestion & l’appetit s’en vont quelquefois & reviennent, comme dans les fievres. Ainsi le levain n’est point propre à l’estomac seul. Vanhelmont le fait venir de la rate ; mais il se trompe, puisque les chiens dératez sont encore extrémement voraces, & digerent tres-bien. C’est ce qui fait suivre aux plus sensez le sentiment de Jean Majovv, qui dans son Traité du Mouvement des Muscles, dit que ce levain vient d’une certaine lymphe qui exude au travers de la tunique glanduleuse du ventricule, qui sert de vehicule à l’esprit volatile animal, qu’un grand nombre de nerfs considerables y apporte. Voyez là-dessus les raisonnemens d’Ettmuller, & ce qu’il dit contre ceux qui reconnoissent pour ce levain les restes des alimens demeurez dans les rides de l’estomac.

LEVANT. s. m. La partie du Monde qui est a l’Orient. Dans nostre marine il veut dire la mer Mediterranée. Mer du Levant, Escadre du Levant.

LEVANTIN. adj. Qui est des pays du Levant. On appelle dans nostre marine, Equipage Levantin, Celuy qui est sur la mer Mediterranée, Officier Levantin, un Officier qui sert sur la mesme mer.

LEUCACANTHA. s. f. Herbe dont Dioscoride dit que la racine est semblable à celle du souchet, solide, bien nourrie & amere. Elle appaise la douleur des dents quand on la masche. Sa decoction faite en vin & prise en breuvage, est fort bonne aux douleurs interieures des flancs & aux sciatiques, & sert aux rompures & aux spasmes. Ce mot est composé de leukê, Blanche, & de akanthê, Epine, comme qui diroit Epine blanche. Cependant Matthiole blasme fort Ruellius, d’avoir confondu la Leucacantha & l’Epine blanche, comme si c’estoit la mesme plante. Il dit que Dioscoride ny Pline n’ayant fait aucune description des feüilles, de la tige, de la fleur ny de la racine de la Leucacantha, il seroit mal-aisé entre tant de plantes épineuses, d’en choisir une qui representast veritablement la Leucacantha, quoy qu’il pense qu’il ne seroit pas hors de propos de prendre pour cette plante ce chardon piquant que l’on appelle en quelques endroits Chardon de Nostre-Dame. Il en donne pour raison, qu’on pourroit l’avoir appellé Blanche épine, à cause des taches blanches dont ses feüilles sont toutes semées, outre que l’amertume & la dureté de sa racine la rend en quelque façon conforme à celle du souchet, quoy qu’elle ne soit pas semblable. Il ne veut point pourtant asseurer que le chardon Nostre-Dame soit la vraye Leucacantha.

LEUCAS. s. f. Herbe dont il doit y avoir de deux sortes, puis qu’au rapport de Dioscoride, celle des montagnes produit ses feüilles plus larges que la Leucas des jardins. Elle a aussi sa graine plus forte, plus fascheuse au goust & plus amere. Toutes ces deux sortes prises en breuvage avec du vin sont bonnes contre toutes bestes venimeuses, & sur tout contre les venins des bestes marines. Matthiole dit qu’il n’ose prendre pour Leucas une herbe qui croist parmy les vignes, faite presque comme la Mercuriale.

LEUCOION. s. m. A prendre ce mot à la lettre, il veut dire Violette blanche, de λευκόζ, Blanc, & de ίον, Violette. Il y en a pourtant de trois sortes, quant à la couleur, le Leucoion blanc, le rouge & le jaune. Ils sont fort communs par tout, & leurs fleurs qui sont agreables à voir, rendent une bonne odeur. Ils viennent tous de la hauteur d’une coudée, jet-