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jour de Lustration pour les Enfans. C'estoit pour les Filles le huitiéme jour aprés leur naissance, & le neuviéme pour les Garçons. Cette ceremonie se faisoit avec de l'eau pure, ou avec de la salive.

LUSTRE. s. m. Composition dont les Pelletiers se servent pour rendre les manchons luisans. Ils y font entrer de l'alum de Rome, de la couperose, & autres drogues. Les Chapeliers rendent aussi les chapeaux luisans avec une eau qu'ils appellent Lustre. Elle est preparée avec du bois d'Inde, du phyllon, de la graine de lin & du vert de gris.

LUT

LUT. s. m. Terme de Chymie. Paste, ciment, ou enduit qui sert, tant à bastir des fourneaux, qu'à mettre autour des vaisseaux de terre ou de verre qui ont à éprouver un feu violent. Cette sorte de ciment se fait de terre grasse, de sable de riviere, de fiente de cheval, de la poudre des pots à beurre cassez, de la teste morte du vitriol, du machefer, du verre pillé, de la bourre des Tondeurs, tout cela meslé avec du sang de bœuf, ou de l'eau salée. On se sert d'un autre Lut pour reparer les fentes de vaisseaux, ou pour lutter les chapes avec les cucurbites ou recipiens. Celuy-là se fait avec de l'amidon cuit, ou de la colle de poisson dissoute dans l'esprit de vin & des fleurs de souphre, du mastic, & de la chaux éteinte dans du petit lait. Ce que l'on appelle Lut de sapience, est le sceau hermetique. Il se fait en fondant le bout d'un matras de verre au feu de lampe, & en le tortillant avec la pincette.

LUTH. s. m. Instrument de Musique du nombre de ceux dont on jouë en pinsant les cordes. Acad. Fr. Il est composé de la table, qui est de sapin ou de cedre ; du corps, fait de neuf ou dix éclisses ; du manche qui a neuf touches marquées par des cordes de boyau qui les divisent, & de la teste où sont les chevilles, qui estant tournées font monter les cordes au ton qu'on veut leur donner. Elles sont attachées à un chevalet qui est au bas de la table & par l'autre extremité elles portent sur un morceau d'ivoire où il y a de petites entailles, & qui est au bout du manche. Le son sort par une rose qui est au milieu de la mesme table. On pinse les cordes de la main droite, & on se sert de la gauche pour appuyer sur les touches. Le Luth n'a eu au commencement que six rangs de corde, & presentement il en a onze.

LUTHÉE. adj. fem. Ce mot n'est en usage qu'en cette phrase. Mandore Luthée. C'est celle qui ayant plus de quatre rangs de cordes, approche le plus prés du luth.

LUTHERIENS. s. m. Heretiques qui suivent les erreurs de Martin Luther, Moine Augustin, qui en a infecté toute l'Allemagne, & qui s'estant couché aprés s'estre gorgé de vin & de viandes, fut trouvé mort dans son lit le lendemain 18. Février 1546. De tous les Sacremens de l'Eglise, ils n'admettent comme luy que le Baptesme & l'Eucharistie, disant mesme que le Baptesme n'efface point le peché, & que quant à l'Eucharistie, le pain & le vin demeurent aprés la consecration avec le Corps & le Sang de Jesus-Christ. Les Lutheriens de Hollande different de ceux qui sont en Allemagne, dans le Dannemarck & dans la Suede, en ce qu'ils rejettent la Confession auriculaire, qu'ils n'ont ny Images ny Autels dans leurs Eglises ; que leurs Ministres sont sans habits Sacerdotaux, & qu'ils n'ont point l'ordre de Prestres, de Diacres, d'Archidiacres & de Super-Intendans ou Evesques, comme


ils l'ont presque par tout ailleurs. Ils ont l'exercice de leur Religion libre par tout le Pays, & la permission de bastir des Temples entre les maisons pour se distinguer des Réformez. A l'égard de l'Allemagne, les Lutheriens y sont de deux sortes, sçavoir les Lutheriens Puritains, qui suivent la pure doctrine de Luther, telle qu'il l'a établie, & les Lutheriens de la Confession d'Ausbourg, qui ont esté tolerez par l'Edit & l'Interim de l'Empereur Charles-Quint. Ceux-cy sont les plus puissans, cette reformation du Lutheranisme faite à Ausbourg, ayant attiré à leur secte plusieurs Princes & Etats de l'Empire. Ils ont leurs Eglises parées de mesme que les autres, & les mesmes marques du Christianisme, mais ils ne celebrent pas la Messe Lutherienne en la forme des Interimistes. A certaines heures, le Pfarher ou quelque Helffer monte en chaire, revestu de son surplis, & aprés avoir presché, il s'approche de l'Autel, puis se tourne vers le peuple & prie tout haut en disant quelque forme de Messe. Il ne porte point de chappe, ne fait dire ny Epistre ny Evangile par les Diacres, mais les dit luy mesme. Lors qu'il a finy ses Oraisons, il recite l'Institution de la Cene en langue vulgaire, & consacre les Hosties, aprés quoy ceux qui ont envie de communier viennent à l'Autel, où le Sur-Intendant ou Pfarher, tenant une patene d'or sur laquelle sont les petites Hosties, fait le signe de la Croix, & met une Hostie dans la bouche du premier qui se presente, en disant : Prens, mange, cecy est le vray Corps de Jesus-Christ, qui a esté offert pour toy. Ensuite le Diacre donne le Calice, & dit : Prens & boy ; cecy est le vray Sang de Jesus-Christ, qui a esté répandu pour toy. Ceux qui reçoivent la Communion, prient devant & aprés comme font les Catholiques. Lors que quelque Feste solemnelle approche, les Prescheurs exhortent à se preparer à la Confession, & à recevoir le Corps du Seigneur. Les Eglises sont ouvertes pour cela le jour precedent, & on trouve auprés des Autels le Surintendant & les Helffers, prests à entendre les Confessions. Ceux qui se confessent parlent à l'Helffer debout. Si c'est pour s'instruire, trois ou quatre autres s'approchent de luy dans le mesme temps, & si c'est pour declarer ses pechez, il parle seul, demande pardon à Dieu, & reçoit l'absolution de l'Helffer. En quelques lieux, le Penitent se met à genoux, & personne ne se marie sans s'estre confessé & avoir communié. Quand quelque Malade souhaite recevoir le Sacrement, le Pfarher le va trouver, & porte une Hostie non consacrée. On le laisse seul avec luy, & quand il a entendu sa confession, on dresse une table, couverte d'une nape, sur laquelle il pose le calice & la patene. Il recite les paroles de l'Institution de la Cene devant tout le monde, qui alors a la liberté d'entrer. Chacun se met à genoux, & le Pfarher ayant consacré le pain & le vin de la mesme sorte qu'il fait dans le Temple, il s'approche du lit du Malade auquel il donne l'Hostie & le vin, en prononçant les paroles ordinaires, & faisant le signe de la Croix. Ils ne reservent jamais d'Hosties consacrées, sur ce que Luther a dit que hors la communion, le corps ne peut subsister. Ils disent Vespres en quelques lieux comme les Interimistes, & mesme dans le Duché de Wittemberg, ils les chantent tous les Samedis. Ils ont aussi des orgues qui répondent alternativement au chant des Pseaumes, & des Enfans de chœur, qui chantent des Motets comme dans l'Eglise Catholique. Les cloches sonnent par tout comme avant le Schisme, au point du jour, à midy, & au soir. Il y a des lieux où leur Messe se dit en Latin, & en d'autres c'est moi-