Page:Corneille - Horace, 1641.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et par les désespoirs d’une chaste amitié,
Nous aurions des deux camps tiré quelque pitié.


JULIE.

Il n’était pas besoin d’un si tendre spectacle :
Leur vue à leur combat apporte assez d’obstacle.
Sitôt qu’ils ont paru prêts à se mesurer,
On a dans les deux camps entendu murmurer :
À voir de tels amis, des personnes si proches,
Venir pour leur patrie aux mortelles approches,
L’un s’émeut de pitié, l’autre est saisi d’horreur,
L’autre d’un si grand zèle admire la fureur ;
Tel porte jusqu’aux cieux leur vertu sans égale,
Et tel l’ose nommer sacrilège et brutale.
Ces divers sentiments n’ont pourtant qu’une voix ;
Tous accusent leurs chefs, tous détestent leur choix ;
Et ne pouvant souffrir un combat si barbare,
On s’écrie, on s’avance, enfin on les sépare.


SABINE.

Que je vous dois d’encens, grands dieux, qui m’exaucez !


JULIE.

Vous n’êtes pas, Sabine, encore où vous pensez :