Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/124

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selon que la chose nous plaît ;
l’amour-propre est un intérêt
sous qui notre raison avorte.
Si des souhaits que nous faisons,
des pensers où nous nous plaisons,
Dieu seul étoit la pure idée,
nous aurions moins de trouble et serions plus puissants
à calmer dans notre âme, ici-bas obsédée,
la révolte secrète où l’invitent nos sens.

Mais souvent, quand Dieu nous appelle,
en vain son joug nous semble doux ;
quelque charme au dedans de nous
fait naître un mouvement rebelle ;
souvent quelque attrait du dehors
résiste aux amoureux efforts
de la grâce en nous épandue,
et nous fait, malgré nous, tellement balancer,
qu’entre nos sens et Dieu notre âme suspendue
perd le temps d’y répondre, et ne peut avancer.