Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/13

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NOTICE.


« Après Pertharite, dit Fontenelle[1], M. Corneille, rebuté du théâtre, entreprit la traduction en vers de l’Imitation de Jésus-Christ. Il y fut porté par des pères jésuites de ses amis, par des sentiments de piété qu’il eut toute sa vie, et sans doute aussi par l’activité de son génie, qui ne pouvoit demeurer oisif. Cet ouvrage eut un succès prodigieux, et le dédommagea en toutes manières d’avoir quitté le théâtre. »

Il y a, au commencement de ce passage, une inexactitude assez grave. Pertharite, suivant la plupart des historiens du théâtre, est de 1653 ; nous avons cru pouvoir, d’après le témoignage formel de Tallemant des Réaux, en placer la première représentation au carnaval de 1652[2] ; mais la reculer au delà de cette époque est impossible ; elle reste donc encore postérieure à la publication des vingt premiers chapitres de l’Imitation de Jésus-Christ, dont l’Achevé d’imprimer est du 15 novembre 1651 ; seulement il est probable que le bon accueil fait au commencement de ce nouvel ouvrage et le j)eu de succès de Pertharite, représenté bientôt après, confirmèrent Corneille dans sa pieuse détermination.

Quant aux motifs qui lui firent entreprendre une si longue tâche, ils ne sauraient être un instant douteux ; et l’on voit que Fontenelle, en les exposant, n’a craint aucune contradiction, et n’a pas même jugé utile de combattre l’étrange récit que la Monnoye a fait le premier à ce sujet, d’après un manuscrit de

  1. Œuvres, tome III, p. 109.
  2. Voyez précédemment, tome VI, p. 4.