Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

peux avec son secours aisément te sauver,
souviens-toi de la fin où tu dois arriver,
et que le temps perdu n’est jamais réparable.
Va, cours, vole sans cesse aux emplois fructueux :
cette sainte chaleur qui fait les vertueux
veut des soins assidus et de la diligence ;
et du moment fatal que ton manque d’ardeur
t’osera relâcher à quelque négligence,
mille peines suivront ce moment de tiédeur.

Que si dans un beau feu ton âme persévère,
tu n’auras plus à craindre aucun funeste assaut,
et l’amour des vertus joint aux grâces d’en haut
rendra de jour en jour ta peine plus légère.
Le zèle et la ferveur peuvent nous préparer
à quoi qu’en cette vie il nous faille endurer :
ils sèment des douceurs au milieu des supplices ;
mais ne t’y trompe pas, il faut d’autres efforts,
il en faut de plus grands à résister aux vices,
à se dompter l’esprit, qu’à se gêner le corps.

L’âme aux petits défauts souvent abandonnée
en de plus dangereux se laisse bientôt choir,
et la parfaite joie arrive avec le soir