Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/255

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seul hôte de toi-même, et maître de la place,
tu verras cette même grâce
t’unir à cet être infini.

Aussitôt que du ciel dans l’homme elle descend,
il n’a plus aucun foible, il peut tout entreprendre ;
l’impression du bras qui daigne la répandre
d’infirme qu’il étoit l’a rendu tout-puissant ;
mais sitôt que ce bras la retire en arrière,
l’homme dénué, pauvre, accablé de malheurs,
et livré par lui-même à sa foiblesse entière,
semble ne voir plus la lumière
que pour être en proie aux douleurs.

Ne perds pas toutefois le courage ou l’espoir
pour sentir cette grâce ou partie ou moins vive ;
mais présente un cœur ferme à tout ce qui t’arrive,
et bénis de ton Dieu le souverain vouloir.
Dans quelque excès d’ennuis qu’un tel départ t’engage,
souffre tout pour sa gloire attendant le retour,
et songe qu’au printemps l’hiver sert de passage,
qu’un profond calme suit l’orage,
et que la nuit fait place au jour.