Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/257

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Que fais-tu de grand ou de rare,
si la paix de ton cœur s’empare
quand la grâce règne au dedans,
si tu sens pleine joie au moment qu’elle arrive,
si tes vœux aussitôt deviennent plus ardents,
et ta dévotion plus vive ?

C’est l’ordinaire effet de son épanchement
que d’enfanter le zèle et semer l’allégresse ;
c’est l’accompagnement de cette grande hôtesse,
et tout le monde aspire à cet heureux moment.
Assez à l’aise marche et fournit sa carrière
celui dont en tous lieux elle soutient la croix :
du fardeau le plus lourd il ne sent point le poids ;
dans la nuit la plus sombre il a trop de lumière ;
le tout-puissant le porte et le daigne éclairer ;
le tout-puissant lui-même à sa course préside ;
et comme il est conduit par le souverain guide,
il n’est pas merveilleux s’il ne peut s’égarer.

Nous aimons ce qui nous console :
l’âme le cherche, l’âme y vole,
l’âme s’attache au moindre attrait ;
elle penche toujours vers ce qui la chatouille,
et difficilement l’homme le plus parfait
de tout lui-même se dépouille.