Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rien n’est plus agréable aux yeux du tout-puissant,
que d’y souffrir pour lui le coup le plus perçant,
et par un saint amour le rendre volontaire.
Si Dieu même, si Dieu t’y donnoit à choisir
ou l’extrême souffrance ou l’extrême plaisir,
tu devrois au plaisir préférer la souffrance :
plus un si digne choix régleroit tes desseins,
plus ta vie à la sienne auroit de ressemblance,
et deviendroit conforme à celle de ses saints.

Ce peu que nous pouvons amasser de mérite,
ce peu qu’il contribue à notre avancement,
ne gît pas aux douceurs de cet épanchement
qu’une vie innocente au fond des cœurs excite.
Non, ne nous flattons point de ces illusions :
ce n’est pas la grandeur des consolations
qui pour monter au ciel rend notre âme plus forte ;
c’est le nombre des croix, c’en est la pesanteur,
c’est la soumission dont cette âme les porte,
qui l’élève et l’unit à son divin auteur.

S’il étoit quelque chose en toute la nature
qui pour notre salut fût plus avantageux,
ce Dieu, qui n’a pris chair que pour nous rendre heureux,
de parole et d’exemple en eût fait l’ouverture.