Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/324

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Ce n’est pas encor tout, et tu ne conçois pas,
ni tout ce qu’est l’amour, ni ce qu’il a d’appas.
Apprends qu’il est bouillant, apprends qu’il est sincère,
apprends qu’il a du zèle, et qu’il sait l’art de plaire,
qu’il est délicieux, qu’il est prudent et fort,
fidèle, patient, constant jusqu’à la mort,
courageux, et surtout hors de cette foiblesse
qui force à se chercher, et pour soi s’intéresse ;
car enfin c’est en vain qu’on se laisse enflammer :
aussitôt qu’on se cherche, on ne sait plus aimer.

L’amour est circonspect, il est juste, humble et sage ;
il ne sait ce que c’est qu’être mol ni volage,
et des biens passagers les vains amusements
n’interrompent jamais ses doux élancements.
L’amour est sobre et chaste, il est ferme et tranquille ;
à garder tous ses sens il est prompt et docile.
L’amour est bon sujet, soumis, obéissant,
plein de mépris pour soi, pour Dieu reconnoissant ;
en Dieu seul il se fie, en Dieu seul il espère,
même quand Dieu l’expose à la pleine misère,
qu’il est sans goût pour Dieu dans l’effort du malheur ;
car le parfait amour ne vit point sans douleur ;
et quiconque n’est prêt de souffrir toute chose,