Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/327

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ainsi de tous les miens il fait un noble emploi,
à force de les mettre au-dessous de moi-même ;
il se repose en moi, comme au bien souverain,
et tous ces autres biens que sur le genre humain
laisse choir ma bonté suprême,
il ne les estime et les aime,
qu’en ce qu’ils tombent de ma main.

Si quelquefois pour moi, quelquefois pour mes saints,
ton zèle aride et lent suit mal tes bons desseins,
et ne te donne point de sensible tendresse,
il ne faut pas encor que ton cœur éperdu,
pour voir languir tes vœux estime tout perdu :
ce qui manque à leur sécheresse,
quoi qu’en présume ta foiblesse,
te peut être bientôt rendu.

Tout ce qui coule au cœur de doux saisissements,
de liquéfactions, d’épanouissements,
marque bien les effets de ma grâce présente :
c’est bien quelque avant-goût du céleste séjour,
mais prompte est sa venue, et prompt est son retour,
et sa douceur la plus charmante,
lorsque tu crois qu’elle s’augmente,
soudain échappe à ton amour.

Il ne seroit pas sûr de s’y trop assurer :
ne songe qu’à combattre, à vaincre, à te tirer