Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les souffrir sans murmure, et recevoir les croix
ainsi que des faveurs qui viennent de mon choix.

Crois-tu les gens du monde exempts d’inquiétude ?
Ne vois-tu rien pour eux ni d’amer ni de rude ?
Va chez ces délicats qui n’ont soin que d’unir
le choix des voluptés aux moyens d’y fournir :
si tu crois y trouver des roses sans épines,
tu n’y trouveras point ce que tu t’imagines.

" Mais ils suivent, dis-tu, leurs inclinations ;
leur seule volonté règle leurs actions,
et l’excès des plaisirs en un moment consume
ce peu qui par hasard s’y coule d’amertume. "
Eh bien ! soit, je le veux, ils ont tout à souhait ;
mais combien doit durer un bonheur si parfait ?

Ces riches, que du siècle adore l’imprudence,
passent comme fumée avec leur abondance,
et de leurs voluptés le plus doux souvenir,
s’il ne passe avec eux, ne sert qu’à les punir.
Celles que leur permet une si triste vie
sont dignes de pitié beaucoup plus que d’envie :
elles vont rarement sans mélange d’ennuis ;
leurs jours les plus brillants ont les plus sombres nuits ;