Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/368

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et qu’alors qu’on te traite à l’égal de la fange,
tu te mettes encor plus bas.

De quoi murmures-tu, chétive créature,
et comment peux-tu repartir,
alors qu’on te reproche, à toi qui n’es qu’ordure,
ce que tu ne peux démentir ?
N’es-tu pas un ingrat, un rebelle à ma grâce,
d’avoir eu tant de fois l’audace
d’offenser, de trahir le dieu de l’univers ?
Et tes attachements, tes lâchetés, tes vices,
n’ont-ils pas mille fois mérité les supplices
qui me vengent dans les enfers ?

Mais parce qu’à mes yeux ton âme est précieuse,
il m’a plu de te pardonner,
et je n’étends sur toi qu’une main amoureuse
qui ne veut que te couronner.
Vois par là ma bonté, vois quelle est sa puissance ;
montre par ta reconnoissance
qu’enfin de mes bienfaits tu sais le digne prix ;
fais de l’humilité ta plus douce habitude,
de la soumission ta plus ardente étude,
et tes délices du mépris.