Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/375

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" Mais s’il est nuisible à mon cœur,
s’il est inutile à mon âme,
daigne éteindre, ô mon Dieu, cette frivole ardeur,
et remplis-moi d’une autre flamme. "

Car souvent un desir peut sembler vertueux,
qui n’a de la vertu qu’un air tumultueux,
qu’une ombre colorée, et ce n’est pas à dire,
quoiqu’il paroisse bon, que c’est moi qui l’inspire.
Il ne t’est pas aisé de juger au certain
quel esprit meut ton âme, ou ta langue, ou ta main ;
s’il est bon ou mauvais ; si l’un ou l’autre est cause
que tu fais un souhait pour telle ou telle chose ;
ou si ce n’est enfin qu’un simple mouvement
qu’excite dans ton cœur ton propre sentiment.
Plusieurs y sont trompés, et leur fausse lumière
trouve le précipice au bout de la carrière,
après avoir cru prendre avec fidélité
pour guide en tous leurs pas l’esprit de vérité.

Tu dois donc, ô mon fils, toujours avec ma crainte,
avec l’humilité dedans ton cœur empreinte,
m’adresser tous tes vœux, me demander l’effet
de tout ce que tu crois digne de ton souhait,