Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/387

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XVIII.

qu’il faut souffrir avec patience les misères temporelles, à l’exemple de Jésus-Christ.


Vois, mortel, combien tu me dois :
j’ai quitté le sein de mon Père,
je me suis revêtu de toute ta misère,
j’en ai voulu subir les plus indignes lois.
Le ciel étoit fermé, tu n’y pouvois prétendre ;
pour t’en ouvrir la porte il m’a plu d’en descendre,
sans que rien m’imposât cette nécessité ;
et pour prendre une vie amère et douloureuse,
j’ai suivi seulement la contrainte amoureuse
de mon immense charité.

Mais je veux amour pour amour :
je veux, mon fils, que tu contemples
ce que je t’ai laissé de précieux exemples
comme autant de leçons pour souffrir à ton tour ;
que sous l’accablement des misères humaines,
l’esprit dans les ennuis et le corps dans les gênes,
tu tiennes toujours l’œil sur ce que j’ai souffert,
et que malgré l’horreur qu’en conçoit la nature,
tu t’offres sans relâche à souffrir sans murmure,
ainsi que je m’y suis offert.