Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/443

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ou de secrètes injustices,
t’y feront bien porter ta croix.

Ce n’est point ni l’acquis par d’assidus efforts,
ni ce qu’un long bonheur multiplie au dehors
qui te sert pour ma paix divine :
c’est un intérieur et fort détachement,
qui retranchant du cœur jusques à la racine
l’indigne amour qui te domine,
t’y donne un prompt avancement.

Joins au mépris des biens celui des dignités ;
joins au mépris du rang celui des vanités
d’une inconstante renommée :
on condamne demain ce qu’on loue aujourd’hui,
et cette gloire enfin dont l’âme est si charmée,
comme le monde l’a formée,
s’éclipse et passe comme lui.

Ne t’assure non plus au changement de lieux :
le cloître le plus saint ne garantit pas mieux,
si la ferveur d’esprit n’abonde ;
et la paix qu’on y trouve en sa pleine vigueur
ne devient qu’une paix stérile et vagabonde,
si le zèle ardent ne la fonde
sur la stabilité du cœur.