Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/482

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Bien qu’il n’épargnât rien pour le salut d’autrui,
bien qu’il fît sans relâche autant qu’il fût en lui,
bien qu’en lui tout fût exemplaire,
il ne put empêcher que de mauvais esprits
ne fissent de quoi qu’il pût faire
un jugement sinistre et d’injustes mépris.

Il remit tout à Dieu, qui connoissoit le tout,
et quoique assez souvent on le poussât à bout
par la calomnie et l’outrage,
contre tous les auteurs de tant d’indignité
les armes que prit son courage
furent sa patience et son humilité.

Au gré de leur caprice ils eurent beau parler,
ils eurent beau mentir, médire, quereller,
à se taire il mit sa défense ;
ou si de temps en temps sa bouche l’entreprit,
ce fut de peur que son silence
ne laissât du scandale en quelque foible esprit.

Peux-tu donc te connoître, et prendre quelque effroi
de quoi que puisse dire un mortel comme toi,
qui comme toi n’est que poussière ?