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Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/530

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Que ne peux-tu, mon fils, percer jusques aux cieux,
pour y voir de mes saints la couronne éternelle,
les pleins ravissements qui brillent dans leurs yeux,
le glorieux éclat dont leur front étincelle !
Voyant ces grands objets d’un injuste mépris
en remporter un si haut prix,
eux qu’à peine le monde a crus dignes de vivre,
ta sainte ambition les voudroit égaler,
te régleroit sur eux, et sauroit pour les suivre
jusqu’en terre te ravaler.

Tous les abaissements te sembleroient si doux,
qu’en haine des honneurs où ta folie aspire,
tu choisirois plutôt d’être soumis à tous,
que d’avoir sur un seul quelque reste d’empire.
Les beaux jours de la vie et les charmes des sens,
pour toi devenus impuissants,
te laisseroient choisir ce mépris en partage :
tu tiendrois à bonheur d’être persécuté,
et tu regarderois comme un grand avantage
le bien de n’être à rien compté.

Si tu pouvois goûter toutes ces vérités,
si jusque dans ton cœur elles étoient empreintes,
tout un siècle de honte et de calamités
ne t’arracheroit pas un seul moment de plaintes :