Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/59

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leur donner mes vers aucunement en meilleur état qu’on ne les a vus, y ayant fait quelques changements notables, surtout aux premiers chapitres, où il m’a semblé que je n’avois pas d’abord assez pénétré l’esprit de l’auteur. J’espère avec le temps vous rendre un compte encore plus exact de ses pensées, quand je vous ferai voir l’ouvrage entier ; mais je vous avoue que je prévois que ce ne sera pas si tôt : non que je n’en aye grande impatience, mais parce que ces matières ont si peu de disposition à s’accommoder avec notre poésie, qu’elles me lassent incontinent et m’obligent à me reposer plus souvent que je ne voudrois. Si ces commencements vous agréent, faites-moi la grâce de ne vous ennuyer point de mes longueurs à vous donner le reste : il est des plumes plus heureuses que la mienne, qui vous feroient moins attendre cette satisfaction, si elles avoient entrepris ce travail ; mais pour moi, je ne suis point honteux de vous avouer une seconde fois avec franchise qu’il m’est impossible d’en venir à bout qu’avec beaucoup de temps et beaucoup de peine.


V
AU LECTEUR

J’ai bien des grâces à vous demander, mais aussi les difficultés qui se rencontrent en cette sorte de traduction méritent bien que vous ne m’en soyez pas avare. Le peu