Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/604

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et tel que sur la terre en est l’ordre et le cours,
tel le présume au ciel leur aveugle discours.
Cependant la distance en est incomparable,
et pour les imparfaits est si peu concevable,
que des illuminés la spéculation
n’atteint point jusque-là sans révélation.

Garde bien donc, mon fils, par trop de confiance,
de sonder des secrets qui passent ta science ;
ne porte point si haut ton esprit curieux,
et sans vouloir régler le rang qu’on tient aux cieux,
réunis seulement tes soins et ta lumière
pour y trouver ta place, et fût-ce la dernière.

Quand tu pourrois connoître avec pleine clarté
quels saints en mon royaume ont plus de dignité,
de quoi t’en serviroit l’entière connoissance,
si tu n’en devenois plus humble en ma présence,
et si tu n’en prenois une plus forte ardeur
à publier ma gloire, et bénir ma grandeur ?

Vois ton peu de mérite et l’excès de tes crimes ;
et si tu peux des saints voir les vertus sublimes,
vois combien tes défauts et ton manque de soin
de leur perfection te laissent encor loin :