Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/621

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Alors que ta bonté m’attire à ce festin
où ton corps est la viande et ton sang est le vin,
que lâchement je m’y prépare !
Que rarement en moi je me tiens recueilli !
Qu’aisément mon esprit de lui-même s’égare,
et suit les vains objets dont il est assailli !

Certes en ta présence un penser salutaire
devroit fermer la porte à tous autres desirs,
et réunir en toi si bien tous nos plaisirs,
qu’aucune autre douceur ne pût nous en distraire.
Tout ce qui du respect s’écarte tant soit peu,
tout ce dont les parfaits font quelque désaveu,
devroit de tout point disparoître,
puisque les anges même ont lieu d’être jaloux
de voir, non un d’entre eux, mais leur souverain maître
ravaler sa grandeur jusqu’à loger en nous.

Quelques honneurs qu’on dût à l’arche d’alliance,
de quelque sacré prix que fussent ses trésors,
la différence est grande entre elle et ton vrai corps,
entre eux et la vertu de ta sainte présence.
Tout ce qu’on immoloit sous l’ancienne loi
n’étoit de l’avenir promis à notre foi