Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/672

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il en fait son grand œuvre, et met tout son pouvoir
à ne laisser en l’âme aucunes étincelles
qui puissent rallumer l’ardeur de ce devoir.

Plus il te voit t’y préparer
avec une ferveur d’un saint espoir guidée,
plus les fantômes noirs qu’il te vient figurer
font un épais nuage et brouillent ton idée.
Tu lis dans Job en plus d’un lieu
que parmi les enfants de Dieu
cet esprit ténébreux se coule ;
c’est contre eux qu’il s’efforce, et sa malignité
prend mille objets impurs que devant eux il roule,
pour les remplir de crainte ou de perplexité.

Il tâche par mille embarras
de vaincre ou d’affoiblir le zèle qui t’enflamme,
et de se rendre maître à force de combats
de cette aveugle foi qui t’illumine l’âme.
Il ne néglige aucun secret
pour t’éloigner de ce banquet,
ou t’en faire approcher plus tiède ;
mais il est en ta main de le rendre impuissant :
son plus heureux effort n’abat que qui lui cède,
et ne peut t’ébranler, si ton cœur n’y consent.