Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/70

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CHAPITRE II. [1]

du peu d’estime de soi-même.


Le desir de savoir est naturel aux hommes :
Il naît dans leur berceau sans mourir qu’avec eux ;
Mais, ô Dieu, dont la main nous fait ce que nous sommes,
Que peut-il sans ta crainte avoir de fructueux ?

Un paysan stupide et sans expérience,
Qui ne sait que t’aimer et n’a que de la foi,
Vaut mieux qu’un philosophe enflé de sa science,
Qui pénètre les cieux, sans réfléchir sur soi.

Qui se connoît soi-même en a l’âme peu vaine,
Sa propre connoissance en met bien bas le prix ;
Et tout le faux éclat de la louange humaine
N’est pour lui que l’objet d’un généreux mépris.

  1. Corps ou sujet de l’emblème : « Saint Alexis meurt en habit de mendiant dans la maison de son père, sans se faire connaître. » Ama nesciri. (Chapitre II, 14.)