Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/711

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Dissipe mes glaçons par cette heureuse flamme
qu’allume ton amour,
et sur l’aveuglement qui règne dans mon âme
répands un nouveau jour.

De la terre pour moi rends les douceurs amères,
quoi qu’on m’y puisse offrir ;
mêle aux sujets d’ennuis, mêle aux succès contraires
les plaisirs de souffrir.

Fais qu’en dépit du monde et de ses impostures
mon esprit ennobli
regarde avec mépris toutes les créatures,
ou les traite d’oubli.

Élève tout mon cœur au-dessus du tonnerre ;
fixe-le dans les cieux ;
et ne le laisse plus divaguer sur la terre
vers ce qui brille aux yeux.

Sois l’unique douceur, sois l’unique avantage
qui puisse l’arrêter ;
sois seul toute la viande et seul tout le breuvage
qu’il se plaise à goûter.