Page:Corneille - Le Cid, Searles, 1912.djvu/53

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Et quelque grand qu’il soit, mes services présents
Pour le faire abolir sont plus que suffisants.

Don Arias

Quoi qu’on fasse d’illustre et de considérable,
Jamais à son sujet un roi n’est redevable.
Vous vous flattez beaucoup, et vous devez savoir
Que qui sert bien son roi ne fait que son devoir.
Vous vous perdrez, Monsieur, sur cette confiance.

Le Comte

Je ne vous en croirai qu’après l’expérience.

Don Arias

Vous devez redouter la puissance d’un roi.

Le Comte

Un jour seul ne perd pas un homme tel que moi.
Que toute sa grandeur s’arme pour mon supplice,
Tout l’État périra, s’il faut que je périsse.

Don Arias

Quoi ? Vous craignez si peu le pouvoir souverain…

Le Comte

D’un sceptre qui sans moi tomberait de sa main.
Il a trop d’intérêt lui-même en ma personne,
Et ma tête en tombant ferait choir sa couronne.

Don Arias

Souffrez que la raison remette vos esprits.
Prenez un bon conseil.

Le Comte

Prenez un bon conseil. Le conseil en est pris.