Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DU POËME DRAMATIQUE. 19

trième acte de Mélite, la joie qu'elle a d'être aimée de Tircis lui fait souffrir sans chagrin la remontrance de sa nourrice, qui de son côté satisfait à cette démangeai- son qu'Horace attribue aux vieilles gens, de faire des le- çons aux jeunes ' ; mais si elle savoit que Tircis la crût infidèle, et qu'il en fût au désespoir, comme elle l'ap- prend ensuite, elle n'en souflfriroit pas quatre vers. Quel- quefois même ces discours sont nécessaires pour appuyer des sentiments dont le raisonnement ne se peut fon- der sur aucune des actions particulières de ceux dont on parle. Rodogune, au premier acte, ne sauroit justi- fier la défiance qu'elle a de Gléopatre, que par le peu de sincérité qu'il y a d'ordinaire dans la réconciliation' des grands après une offense signalée, parce que, de- puis le traité de paix, cette reine n'a rien fait qui la doive rendre suspecte de cette haine qu'elle lui conserve dans le cœur. L'assurance que prend Mélisse, au qua- trième de la Suite du Menteur, sur les premières pro- testations d'amour que lui fait Dorante, qu'elle n'a vu qu'une seule fois, ne se peut autoriser que sur la facilité et la promptitude que deux amants nés l'un pour l'autre ont à donner croyance à ce qu'ils s'entre-disent; et les douze vers qui expriment cette moralité en termes géné- raux ont tellement plu, que beaucoup de gens d'esprit n'ont pas dédaigné d'en charger leur mémoire \ Vous en trouverez ici quelques autres de cette nature. La seule règle qu'on y peut établir, c'est qu'il les faut placer judi- cieusement, et surtout les mettre en la bouche de gens

I. Voyez la scène i du IV« acte de Mélite, et VArt poétique d'Ho- race, V. l'jlt.

3. Var. (édit. de 1660 et de i663) : les réconciliations.

3. Voyez, dans la scène i du IV" acte de la Suite du Menteur, le couplet qui commence par ce vers :

Quand les ordres du ciel nous ont faits l'un pour l'autre, etc.

�� �