Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/404

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Mais qu’elle est paresseuse à me venir trouver !

La dormeuse m’oublie, et ne se peut lever.

Toutefois, sans raison J’accuse sa paresse :

La nuit, qui dure encor, fait que rien ne la presse :

Ma jalouse fureur, mon dépit, mon amour,

Ont troublé mon repos avant le point du jour :

Mais elle, qui n’en fait aucune expérience,

Etant sans intérêt, est sans impatience.

Toi qui fais ma douleur, et qui fis mon souci,

Ne tarde plus, volage, à te montrer ici ;

Viens en hâte affermir ton indigne victoire ;

Viens t’assurer l’éclat de cette infâme gloire ;

Viens signaler ton nom par ton manque de foi.

Le jour s’en va paraître ; affronteur, hâte-toi.

Mais, hélas ! cher ingrat, adorable parjure,

Ma timide voix tremble à te dire une injure ;

Si j’écoute l’amour, il devient si puissant,

Qu’en dépit de Dorise il te fait innocent :

Je ne sais lequel croire, et j’aime tant ce doute,

Que j’ai peur d’en sortir entrant dans cette route.

Je crains ce que je cherche, et je ne connais pas

De plus grand heur pour moi que d’y perdre mes pas.

Ah, mes yeux ! si jamais vos fonctions propices

À mon cœur amoureux firent de bons services,