Caliste
Ne crains pas désormais que mon amour s’oublie ;
Répare seulement ta vigueur affaiblie :
Sache bien te servir de la faveur du roi,
Et pour tout le surplus repose-t’en sur moi.
Scène III
Clitandre, en prison.
Je ne sais si je veille, ou si ma rêverie
À mes sens endormis fait quelque tromperie ;
Peu s’en faut, dans l’excès de ma confusion,
Que je ne prenne tout pour une illusion.
Clitandre prisonnier ! je n’en fais pas croyable
Ni l’air sale et puant d’un cachot effroyable
Ni de ce faible jour l’incertaine clarté,
Ni le poids de ces fers dont je suis arrêté ;
Je les sens, je les vois ; mais mon âme innocente
Dément tous les objets que mon œil lui présente
Et, le désavouant, défend à ma raison
De me persuader que je sois en prison.
Jamais aucun forfait, aucun dessein infâme
N’a pu souiller ma main, ni glisser dans mon âme ;
Et je suis retenu dans ces funestes lieux !
Non, cela ne se peut : vous vous trompez, mes yeux ;
J’aime mieux rejeter vos plus clairs témoignages,