Pymante
Ne songez plus, madame, à rejoindre les morts ;
Pensez plutôt à ceux qui n’ont point d’autre envie
Que d’employer pour vous le reste de leur vie ;
Pensez plutôt à ceux dont le service offert
Accepté vous conserve, et refusé vous perd.
Dorise
Crois-tu donc, assassin, m’acquérir par ton crime ?
Qu’innocent méprisé, coupable je t’estime ?
À ce compte, tes feux n’ayant pu m’émouvoir,
Ta noire perfidie obtiendrait ce pouvoir ?
Je chérirais en toi la qualité de traître,
Et mon affection commencerait à naître
Lorsque tout l’univers a droit de te haïr ?
Pymante
Si j’oubliai l’honneur jusques à le trahir,
Si, pour vous posséder, mon esprit, tout de flamme,
N’a rien cru de honteux, n’a rien trouvé d’infâme,
Voyez par là, voyez l’excès de mon ardeur :
Par cet aveuglement jugez de sa grandeur.
Dorise
Non, non, ta lâcheté, que j’y vois trop certaine,
N’a servi qu’à donner des raisons à ma haine.
Ainsi ce que j’avais pour toi d’aversion
Vient maintenant d’ailleurs que d’inclination :
C’est la raison, c’est elle à présent qui me guide
Aux mépris que je fais des flammes d’un perfide.
Pymante
Je ne sache raison qui s’oppose à mes vœux,
Puisqu’ici la raison n’est que ce que