Mon feu qu’elle alluma fût mort au premier jour,
S’il n’eût été nourri d’un réciproque amour.
Oui, Caliste, et je veux toujours qu’il m’en souvienne,
J’aperçus aussitôt ta flamme que la mienne :
L’amour apprit ensemble à nos cœurs à brûler ;
L’amour apprit ensemble à nos yeux à parler ;
Et sa timidité lui donna la prudence
De n’admettre que nous en notre confidence :
Ainsi nos passions se dérobaient à tous ;
Ainsi nos feux secrets n’ayant point de jaloux…
Mais qui vient jusqu’ici troubler mes rêveries ?
Scène III
Rosidor, Caliste
Caliste
Celle qui voudrait voir tes blessures guéries,
Celle…
Rosidor
Ah ! mon heur, jamais je n’obtiendrais sur moi
De pardonner ce crime à tout autre qu’à toi.
De notre amour naissant la douceur et la gloire
De leur charmante idée occupaient ma mémoire ;
Je flattais ton image, elle me reflattait ;
Je lui faisais des vœux, elle les acceptait ;
Je formais des désirs, elle en aimait l’hommage.
La désavoueras-tu, cette flatteuse image ?
Voudras-tu démentir notre entretien secret ?
Seras-tu plus mauvaise enfin que ton portrait ?
Caliste
Tu pourrais de sa part te faire tant promettre,