Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

xxxviii NOTICE BIOGRAPHIQUE

mais qu'on dit être assez mal habile pour manier de grandes affaires. Bref, il faut qu'il soit ennemi du peuple, puisqu'il est pensionnaire de M. de Mazarin. » Du reste, on ne sait rien de la façon dont Corneille remplit cette charge, qui, l'année suivante, le i5 mars, fut rendue à Bauldry, lorsque le duc de Longueville eut fait sa paix avec la cour. Le 18 mars i65o, Corneille avait vendu et résigné, moyennant six mille li- vres tournois, ses offices de conseiller et avocat du Roi à la table de marbre' ; il se trouva donc, à partir de ce moment, dépourvu de toutes fonctions officielles.

Nicomède fut représenté au commencement de i65i. Le ton de ce drame, élégant mélange de tragique et de familier, pro- cède directement, ce semble, de l'époque de la Fronde, où, dans les affaires publiques, la tragédie tournait à l'ironie, et où les plus tristes désastres, les plus affreuses misères engendrées par les luttes des grands étaient masqués à leurs yeux par des mots spirituels et d'agréables reparties.

Après celte pièce, Corneille aborde un genre d'écrits tout différents. Longtemps, malgré ses sentiments chrétiens, son talent avait eu, dans la plupart de ses œuvres, un caractère tout profane. Dans Polyeucte, il avait réussi à réunir les plus intéressantes conceptions dramatiques à l'expression la plus élevée de la foi et de la ferveur. Dans Théodore, il avait espéré de remporter de nouveau un triomphe si difficile ; mais la nature du sujet avait été un obstacle insurmontable, même pour un poêle de génie. 11 ne voulait cependant pas renoncer à revêtir des ornements de la poésie les pensées religieuses qui se présentaient souvent à son esprit et dans lesquelles ses anciens et vénérés maîtres ne cessaient de l'entretenir. Ce fut sans grand'pcine assurément qu'il se laissa persuader par des Pères jésuites de ses amis d'entreprendre la traduc- tion en vers de Vlinilaùon de Jésus-Christ; et le i5 no- vembre if)5i il en faisait paraître les vingt premiers cha- pitres. Pendant qu'ils étaient accueillis avec faveur et même avec enthousiasme par tous ceux qui se réjouissaient de cet éclatant témoignage de la profonde piété du grand poëte, on fit à Perlkarite(^iQb2)\a plus k mauvaise réception. » Les cir-

I. Voyez Pièces justificatives, n" X. — 2. Tome VI, p. 5.

�� �