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4o8 LA VEUVE.

Je croirois en produire un trop cruel effet, Si je te séparols d'un amant si parfait.

DORIS.

Vous le connoissez mal : son âme a deux visages,

Et ce dissimulé n'est qu'un conteur à gages. 17°

Il a beau m'accabler de protestations,

Je démêle aisément toutes ses fictions ;

Il ne me prête rien que je ne lui renvoie* :

Nous nous entre-payons d'une même monnoie ;

Et malgré nos discours, mon vertueux désir 17^

Attend toujours celui que vous voudrez choisir :

Votre vouloir du mien absolument dispose.

CHRYSA>TE.

L'épreuve en fera foi ; mais parlons d'autre chose.

Nous vîmes hier au bal, entre autres nouveautés. Tout plein d'honnêtes gens caresser les beautés. 180

DORIS.

Oui, Madame : Alindor en vouloit à Célie ; Lysandre, à Célidée ; Oronte, à Rosélie.

CHRYSANTE.

Et nommant celles-ci, tu caches finement^ Qu'un certain t'entretint assez paisiblement.

DORIS.

Ce visage inconnu qu'on appeloit Florange? i85

CHRYSANTE.

Lui-même.

DORIS.

Ah ! Dieu, que c'est un cajoleur étrange ! Ce fut paisiblement, de vrai, qu'il m'entretint. Soit que quelque raison en secret le retînt", Soit que son bel esprit me jugeât incapable

1. Var. Ainsi qu'il me les baille, ainsi je les renvoie. (i634-5-)

2. Var. En nommant celles-ci, fu caches finement. (i63/'i-57)

3. Var. Soit que quelque raison secrète le retînt, (i 034-57)

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