ACTE III, SCÈNE III. Ai5
PHILISTE.
Quelque soupçon frivole en ce point te déçoit* ; 9°^
J'aurai perdu la vie avant que cela soit.
ALCIDON.
Voilà faire le fin de fort mauvaise grâce : Philiste, vois-tu bien, je sais ce qui se passe.
PHILISTE.
Ma mère en a reçu, de vrai, quelque propos',
Et voulut hier au soir m'en toucher quelques mots. 9 ' »
Les femmes de son âge ont ce mal ordinaire
De régler sur les biens une pareille affaire ^ :
Un si honteux motif leur fait tout décider,
Et Tor qui les aveugle a droit de les guider :
Mais comme son éclat n'éblouit point mon âme^, 9 • ^
Que je vois d'un autre œil ton mérite et ta flamme,
Je lui fis bien savoir que mon consentement
Ne dépendroit jamais de son aveuglement,
Et que jusqu'au tombeau, quant à cet hyménée.
Je maintiendrois la foi que je t'avois donnée. 920
Ma soeur accortement feignoit de l'écouter ;
Non pas que son amour n'osât lui résister.
Mais elle vouloit bien qu'un peu de jalousie^
Sur quelque bruit léger piquât ta fantaisie :
Ce petit aiguillon quelquefois, en passant, 9 ^ â
Réveille puissamment un amour languissant.
ALCIDON.
Fais à qui tu voudras ce conte ridicule.
Soit que ta sœur l'accepte, ou qu'elle dissimule,
1. Var. Quelque soupçon frivole en ce cas te déçoit. (iG34)
2. Var. Ma mère en a reçu, de vrai, quelques propos. (iG34-57)
3. Var. De ne régler qu'aus biens une pareille affaire. (i63/i)
4. Var. Moi dont ce faux éclat n'éblouit jamais l'âme.
Qui connois ton mérite autant comme ta flamme, (i 634-37)
5. Var. Mais fine, elle vouloit qu'un ver de jalousie. (i634-57) Var. Mais elle vouloit bien qu'un ver de jalousie. (1660)
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