Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/625

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ACTE \, SCENE IX. l,g^

Je forcené' de voir que sur votre retour Ce traître assure ainsi ma perte et mon amour-. Perfide I à mes dépens tu veux donc des maîtresses ? • 9 ' 5 Et mon honneur perdu te gagne leurs caresses?

CÉLIDAN, à Alcidon. Quoi ! j'ai su jusqu'ici cacher tes lâchetés, Et tu m'oses couvrir de ces indignités I Cesse de m'outrager, ou le respect des dames N'est plus pour contenir celui que tu diffames. 1920

PHILISTE, à Alcidon. Cher ami, ne crains rien, et demeure assuré Que je sais maintenir ce que je t'ai juré : Pour t'enlever ma sœur, il faut m'arracher l'âme.

ALCIDON, à Philiste. Non, non, il n'est plus temps de déguiser ma flamme. Il te faut, malgré moi, faire un honteux aveu' 1925

Que si mon cœur brùloit, c'étoit d'un autre feu. Ami, ne cherche plus qui t'a ravi Clarice : Voici l'auteur du coup, et voilà le complice. Adieu : ce mot lâché, je te suis en horreur.

1. Je forcené, c'est-à-dire j'enrage.

2. Var. [Ce traître assure ainsi ma perte et son amour.] O honte ! ô crève-creur 1 ô désespoir ! ô rage !

Qui venez à l'envi déchirer mon courage,

Au lieu de vous combattre, unissez vos efforts

Afin de désunir mon àme de mon corps.

Je tiens les plus cruels pour les plus favorables.

Mais pourquoi vous prier de m'ètre secourables ?

Je mourrai bien sans vous : dans cette trahison,

Mon cœur n'a, parles yeux, que trop pris de poison.

Perfide, à mes dépens tu soûles donc ta braise (a).

Et mon honneur perdu contribue à ton aise ?

cÉLiDAN, à Alcidon. Traître, jusques ici j'ai caché tes défauts,

Et pour remercîment tu m'en donnes de faux ?

[Cesse de m'outrager, ou le respect des dames. J (i 634-57)

3. Var. Il faut lever le masque, il faut te confesser Qu'une toute autre ardeur occupoit mon penser. (1634-D7)

(a) Ce vers et le suivant ne se trouvent sous celte forme que dans 1 édition Corneille, i 82

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