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ACTE IV


Scène première

Hippolyte, Aronte.


Hippolyte.

À cet excès d’amour qu’il me faisait paraître,
Je me croyais déjà maîtresse de ton maître ;
Tu m’as fait grand dépit de me désabuser.
Qu’il a l’esprit adroit quand il veut déguiser !
Et que pour mettre en jour ces compliments frivoles,
Il sait bien ajuster ses yeux à ses paroles !
Mais je me promets tant de ta dextérité,
Qu’il tournera bientôt la feinte en vérité.

Aronte.

Je n’ose l’espérer : sa passion trop forte
Déjà vers son objet malgré moi le remporte ;
Et comme s’il avait reconnu son erreur,
Vos yeux lui sont à charge, et sa feinte en horreur :
Même il m’a commandé d’aller vers sa cruelle
Lui jurer que son cœur n’a brûlé que pour elle,
Attaquer son orgueil par des submissions…

Hippolyte.

J’entends assez le but de tes commissions.
Tu vas tâcher pour lui d’amollir son courage ?

Aronte.

J’emploie auprès de vous le temps de ce message,