Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/78

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bas,
Lui-même il nous entraîne où nous ne pensions pas ;
Et dès qu'il les résout, il sait trouver la voie
De nous faire accepter ses ordres avec joie.

'LÉON' — Mais ne vous aimer plus ! Vous voler tous mes vœux !

'PULCHÉRIE' — Aimez-moi, j'y consens ; je dis plus, je le veux,
Mais comme impératrice, et non plus comme amante :
Que la passion cesse, et que le zèle augmente.
Justine, qui m'écoute, agréera bien, seigneur,
Que je conserve ainsi ma part en votre cœur.
Je connais tout le sien. Rendez-vous plus traitable,
Pour apprendre à l'aimer autant qu'elle est aimable ;
et laissez-vous conduire à qui sait mieux que vous
Les chemins de vous faire un sort illustre et doux.
Croyez-en votre amante et votre impératrice :
L'une aime vos vertus, l'autre leur rend justice ;
Et sur Justine et vous je dois pouvoir assez
Pour vous dire à tous deux : " je parle, obéissez. "

'LÉON' — J'obéis donc, madame, à cet ordre suprême,
Pour vous offrir un cœur qui n'est pas à lui-même ;
Mais enfin je ne sais quand je pourrai donner
Ce que je ne puis même offrir sans le gêner ;
Et cette offre d'un cœur entre les mains d'une autre
Ne peut faire un amour qui mérite le vôtre.

'JUSTINE' — Il est assez à moi, dans de si bonnes mains,
Pour n'en point redouter de vrais et longs dédains ;
Et je vous répondrais d'une amitié sincère,
Si j'en avais l'aveu de l'empereur mon père.
Le temps fait tout, seigneur.