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ACTE II, SCÈNE VII lOb

Souffre qu'avec honneur je (ermime mes jours.

SABINE.

Va, cesse de me craindre ; on vient à ton secours.

��SCENE VII. LE VIEIL HORACE, HORACE, CURL^CE, SABINE, CAMILLE.

LE VIEIL HORACE.

Qu'est-ce ci, mes enfants? écoutez-vous vos flammes,

El perdez- vous encor le temps avec des femmes? 680

Prêts à verser du sang-, regardez-vous des pleurs?

Fuyez, et laissez-les déplorer leurs malheurs.

lueurs plaintes ont pour vous trop d'art et de tendresse;

Elles vous feraient part enfin de leur faiblesse.

Et ce n'est qu'en fuyant qu'on pare de tels coups. 685

SABINE.

N'appréhendez rien d'eux, ils sont dignes de vous.

Malgré tous nos efforts, vous en devez attendre

Ce que vous souhaitez et d'un fils et d'un gendre;

Et, si notre faiblosse ébranlait leur honneur.

Nous vous laissons ici pour leur rendre du cœur. 690

Allons, ma sœur, allons, ne perdons plus de larmes;

677. « Voilà l'homme à « l'âpre vertu » qui demande grâce. 11 a fléchi, sans cesser d'être lui-même, sous l'elfiayante ironie de Sabine. C'est là cependant le but de ce discours, qui, suivant Voltaire, n'est « qu'un effet de rliétorique, l'efTet d'une douleur trop étudiée. » Non, non; il n'y a ici ni effort de rhétorique, ni douleurs étudiées. Il y a l'inspiration du désespoir, et une inspiration si puis- sante et si vi-aie, qu'elle va droit au cœur d'Horace et qu'elle lui arrache presque l'aveu de sa faiblesse. » (Aimé Martin) Nous enregistrons celte apologie sans nous y associer tout à fait : car, si les railleries de Voltaire dopassent parfois la mesure, Q n'en demeure pas moins certain que cette scène est froide, artiQcielle, et que l'action s'en pourrait passer.

679. « Qu'est-ce ci ne se dit plus que dans le discours familier. » (VoltaireJ La familiarité ici est sublime. Une scène de Pohjeucte (IV, 6) commence aussi par ces mots: « Qu'cst-ceci, Fabian? » La tournure correspondante qu'est-ce là subsiste seule. — « Qu'est-ce ci, qu'est ceci, il ne faut pas confondre ces deux locu- tions. Qu'est-ce ci veut dire: qu'y a-t-U ici? que se passe-t-il ici? Mais qu'est ceci veut dire: quelle chose est ceci, la chose dont on parle, que l'on montre. » IM. Littré.)

684. C'est-à-dire, elle.? nous feraient partager leur faiblesse :

Dien fait part m itesoin de sa force infinie. (Pohjeucte, 11,6.)

685. M. Géruzez rappelle ici le mot d'Horace: « Effugere est triumphl^ Plus tard, Corneille reprendra et développera cette pensée :

Fuyez an eaneini qui sait vo-re défaut.

Qui le trouve aisément, qui blesse par la vne,

K^ dont li> ooui mortel vous plait quand il Toas tne. {Polyeuctt, 1, t<)

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