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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/125

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��ACTE III, SCENE I 109

N'appelons point alors les deslins inhumains; ^ 725

Songeons pour quelle cause, et non par quelles mains;

Revoyons les vainqueurs, sans penser gu'à la gloire

Que toute leur maison reçoit de leur victoire ;

Et, sans considérer aux dépens de quel sang

Leur vertu les élève en cet illustre rang, 730

Faisons nos intér^^ts de ceux de leur famille :

En l'une je suis femme, en l'autre je suis fille,

Et tiens à toutes deux par de si forts liens

Qu'on ne peut triompher que par les bras des miens.

Fortune, quelques maux que ta rigueur m'envoie,

J'ai trouvé les moyens d'en tirer de la joie,

Et puis voir aujourd'hui le combat sans terreur.

Les morts sans désespoir, les vainqueurs sans horreur.

Flatteuse illusion, erreur douce et grossière. Vain effort de mon âme, impuissante lumière, _ 740

De qui le faux brillant prend droit de m'éblouir, Que tu sais peu durer, et tôt t'évanouir! Pareille à ces éclairs qui, dans le fort des ombres, Poussent un jour qui fuit et rend les nuits plus sombres, Ta n'as frappé mes veux d'un moment de clarté 745

7J5. M. Géruzczvoit dans c« vers une réminiscence de Virgile: Atqae deos atqoe astra vocal cnidelia mater. (Ed., V. 24.)

7Î6. Il y a ici un verbe sous-entendu. Ce vers sera repris et retourné au vers 751.

727. Qu'à la gloire, à uutre chose qu'i la gloire ; que a très sourent chet Corneille le sens de si ce n'est.

730. « 11 ne s'agit point ici de rang, dit Voltaire ; l'auteur a voulu rimer avec sang. » Mais rang, signifie la place qu'une personne tient dans l'estime diS hommes, et M. Littré cite cet exemple <ïAndroinaqu,e (II, 5) qui eût embar- rassé Voltaire :

» El je ne puis eagner dans son perfide cœar

D'autre roii;/ i[ue celui de son peiséculenr.

734. Le vers 738 répéleia ces vers, en les modifiant. Ce monologue com- prend donc, selon la remarque de .M. Hurioii, deux couplets symétriques, com- prenant chacun vingt-deux vejs, et le-ininés p:ir des refrains antithétiques.

741. De qui. « Qui, au génitif, datif et ablatif, en l'un et l'autre nonib-e, ne s'attribue jamais qu'aux peisunnes. « (Vaugelas. Ueinnrques.) On voit que Cor- neille ne se conformait pas à cette rè:j!e, établie ifailli-nts posténeurenient ; la plupart de ses contcaip^iains ne l'nb^ervent pas davantage — Prend droit de m'éblouir, c'est-à-dire, p'i'nd, usurpe le droit de m'ebiouir, prétend m'éblouir.

743. Le fort est ici piis substantivement pour le plus haut degré:

Point de glace, bon DieU. dans le fort de l'été ! (Boilean, Salireïll.) Au fort de ina cloiileiir. In rappelles ma crainte. (Polycuctc. 11, 3.)

744. Poussent, lancent, font briller une lueur éphémère. Ce verbe était em«  ployé au xvn" siècle dans une foule d'acceptions ou il semble étrange aujour- d'hui : pousser des harmonies (Menteur. I, 5) ; pousser une prié e, pousser des imprécations, des v(eux, des désirs, etc. — Voltaire, qui, en vertu d'une théorie bien étroite, pruscrit les comparaisons de la tragédie au bénéfice des métaphores, n'a pas épargné celle-"! qui cependant est brève et poétique.

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