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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/128

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112 HORACE

A voir de tels amis, des personnes si procùes.

Venir pour leur patrie aux mortelles approches,

L'un s'émeut de pitié, l'autre est saisi d'horreur, 785

L'autre dun si grand zèle admire la fureur;

Tel porte jusqu'aux cieux leur vertu sans égale,

Et tel l'ose nommer sacrilège et brutale.

Ces divers sentiments n'ont pourtant qu'une voix :

Tous accusent leurs chefs, tous détestent leur choix ; 790

Et, ne pouvant soulïrir un combat si barbare.

On s'écrie, on s'avance, enfin on les sépare.

SADINE.

Que je vous dois d'encens, grands dieux, qui m'exaucez I

JULIE.

Vous n'êtes pas, Sabine, encore où vous pensez;

Vous pouvez espérer, vous avez moins à craindre ; 795

Mais il vous reste encore assez de quoi vous plaindre.

En vain d'un sort si triste on les veut garantir;

Ces cruels généreux n'y peuvent consentir :

La gloire de ce choix leur est si précieuse

Et charme tellement leur âme ambitieuse, 800

Qu'alors qu'on les déplore ils s'estiment heureux,

Et prennent pour affiont la pitié qu'on a d'eux.

Le trouble des deux camps souille leur renommée :

Ils combattront plutôt et l'une et l'autre armée,

tt mourront par les mains aui leur font d'autres lois, 805

783. Si proches, si unies les unes aux autres par la parenté. Proches, ap- proches, rime peu correcte, si l'on s'en rapporte au jugement de Malherbe, qui proscrivait la rime de deux mots do racine identique. — Aux mortelles approches, ce pluriel abstrait est bien pou net; on dirait plus clairement aux approches et surtout à l'approche de la mort, mais non en venir à l'approche. Approches s'em- ploie pourtant, au figuré, dans le sens do proximité :

De ce triste entretien détoarnons les approches. (Racine, Iphigénie, m, 7.)

789. Yoix est hardi, appliqué à un nom de choses.

790. Détestent, maudissent ; sens du latin dctestari; voyez le v. 104.

II déteste sa vie et ce complot maudit. (Cinna, 1107.)

W8. Ces cruels généreux ; généreux ePt pris ici substantivement.

Parmi les généreux, il n'en va pas de même. (Nicomcde, IC64.)

Corneille dit de même : v perfide généreux » {Héraclius, 1805), « de rrais gô néreux » (Sophonisbe, 1127). Ici, cruel m généreux Tont antillièse.

801. On dit plus il éplorcr quelque chose que déplorer quelqu'un; voyez pouf^ tant le v. 1344. Corneille emploie aussi déplorable fn parlant des pe."sonnes.

Infortunés tons demi, depuis qu'on voas déplore. (Racine, Thébaide, V, 2.)

803. Ces vers, jusqu'à la fin du couplet de Julie, pourraient être mis ontrs guillemets; ce n'est pas en etîet Julie qui parle en son propre nom, ce sont lei parole») des Horaces et des Curiaces qu'elle mpporte.

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