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INTRODUCTION

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HISTOIRE DE LA PIÈCE

La première représentation de Cinna est de 1640, et non de 1639, comme on l'a cru longtemps, d'après le témoi- gnage des frères Parfait* : celle d'Horace, qui est évidem- ment antérieure, se place en effet au 9 mars 1640. Horace et Cinna sont d'ailleurs 'iz-ux pièces sœurs, inséparables l'une de l'autre, et remplissant tout l'entre-deux entre le Cid et Polyeucte. Corneille les a rapportées de Rouen, où les dégoûts de la querelle du Cid l'avaient contraint à chercher un repos, d'abord découragé, puis laborieux et fécond. 11 semble aban- donner l'Espagne pour Rome, mais pour une Rome encore espagnole, « castillane, » selon le mot de Sainte-Beuve ^, et vue à la lumière de Sénèque et de Lucain, ces Romains d'Espagne.

Ici encore, il crée plus qu'il n'imite. « Le Cid, dit M. Henri Martin^, avait eu jusqu'à un certain point des modèles au delà des Pyrénées ; Horace et Cinna n'en ont eu nulle part : quelques pages de Tite Live et de Sénèque le philosophe et peut-être un ou deux beaux morceaux de Balzac sur le carac- tère des anciens Romains, voilà tout ce qu'avait devant lui Corneille lorsqu'il enfanta cette majestueuse création de la tragédie politique. » Rome pourtant était edors populaire, ou plutôt était à la mode au théâtre aussi bien qu'à l'hôtel de Rambouillet. Si l'on applaudissait ici aux réflexions adressées par Balzac à Arthénice sur la conversation des Romains, si l'on y lisait, sans ennui, du moins apparent, les traductions de Coeffeteau et de Perrault d'Ablancourt, en attendant la Clélie, là on se souvenait que le vieux Garnier avait mis autre- fois à la scène une Porcie, une Cornélie, un Marc Antoine. Ce même Marc Antoine venait de reparaître au théâtre, intro-

t Dans son explication du théâtre classique, très complète, du reit^ H. Horion repriduit encore cette erreur. ii Portraits littéraires, I. a. Histoire de France, XII. 74.

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