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CINNA

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��LA CLÉMENCE D'AUGUSTE

��ACTE PREMIER

��SCÈNE I EMILIE. Impatients désirs d'une illustre vengeance

•j. u Plusieurs actrices, dit Voltaire, ont supprimé ce monologue dans les rspré> sentations. Le public même paraissait souhaiter ce retraochemeat... Cepenaant j'étais si touché des beautés repatidues dans cette première scène que j'engageai l'actrire qui ioaait Emilie à la remettre au théâtre, et elle fut très bien reçue. » 0» roniprend que le goût délicat de Voltaire n'ait pu se résigner au sacrifice dé- finitif d'une scène où tant de beaux vers rachètent tant de traits déclamatoires ou subtils; mais on ne comprend guère comment le xviii' siècle a pu si loog- temps se passer d'une exposition si nécessaire. Sans doute, comme la plupart des héroïnes do Corneille, Kmi!ic raisonne trop; sans doute trop souvent la rhétori- que refroidit un morceau ou la passion seule devrait parler; mais la passion en- fin n'est pas absente. Non seulement ce début a du mouvement et de la grandaar, mais il est préféiable peut-être au récit, parfois languissant, qui ouvre oeauooup de nos tragédies classiques. Ici, rien de didactique' C'est une âme ardente qui s'épanche devant aous; comme il y a quelque chose d'excessif dans les sentiments qui agitent cette Ame, il y a quelque chose d'emphatique dans l'expression de ces sentimenbs. N'oublions pas que c est là le ton naturel d'Emilie, et qu'elle saura s'y maintenir. On peut juger même qu'ici elle est plus vraiment humaine que partout ailleurs . «es touchants regrets du passé, les craintes que lui inspire Is présent, l'incertitude de l'avenir, le combat qui se iivre dans son cœur entre sa passion et ce qu'elle regarde comme son devoir, tout nous intéresse en sa faveur. Supprimez ce début: les fureurs d'Emilie, n'étant plus expliquées, ne nous cau- seront plus que de l'effroi ou plutôt qu'un étonnement profond ; rien ne nous y aura prépares. Rétablissez-le : nous comprenons aussitôt comment, la situation étant fausse, le ton peut être faux, et, dès les premiers vers, nous sommes fixés sur le vrai caractère d'une héroïne dont l'imagination s'échauffe à froid, avan même que le cœur ne l'émeuve. Corneille avait déjà justiDé co monologue, atta que dès son époque: « Le monologue d'Emilie qui ouvre le théâtre dans Ci'nna, écrit-il, fait assez conn«ître qu'Auguste a fait mourir son père et que pour ven- ger sa mort elle engage son amant à conspirer contre lui, mais c'est par le trou- Ij.o et la crainte que le péril où elle expose Cinna jette dans son âme que nouf ►" avons la connai.ssancc. o (Discours du poème dramatique, J

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