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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/277

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ACTE 1, SCÊiNE IV 93

Mais, si mon amitié par là ne te délivre, N'espère pas qu'enfin je veuille te survivre: Je fais de ton destin des règles à mon sort, Et j'obtiendrai ta vie, ou je suivrai ta mort.

CINNA.

Soyez en ma faveur moins cruelle à vous-même.

EMILIE.

Va- t'en, et souviens-toi seulement que je t'aime.

î5i. On attendrait plutôt une règle.

352. Je suivrai ta mort, c'est-à-dire : je te suivrai dans la mort, ma mort Suivra la tienne; quoi que prétende Voltaire, Corneille a bien dit ce qu'il voulait lire.

353. Une remarque curieuse à faire, c'est que, sauf de très rares exceptions, Cinna ne tutoie pas Emilie, et qu'Emilie le tutoie toujours. « Le tutoiement qui, dans le langage usuel, est un signe de familiarité, a au contraire une certaine solennité en poésie. » (M. Chassang.)

3&4. " Seulement fait là un mauvais effet ; car Cinna doit se souvenir de son entreprise et de ses amis. » ( Voltaire.) C'est prendre seulement trop au pied de la lettre, et oublier qu'en songeant à Emilie, Cmna ne peut manqjer de songer à son entreprise; car c'est pour elle qu'il s'y hasarde. Voltaire a plus raison quand il résume ainsi ce premier acte : « Remarquez que l'on s intéresse d'abord beaucoup au succès de la conspiration de Cinna et d'Emilie : l» parce que c'est ane conspiration: 2« parce que l'amant et la maitiosse sont en danger; 3° parce que Cinna a peint Auguste avec toutes les couleurs que les proscriptions méri- tent, et que dans son récit il a rendu Auguste exocrable; 4° parce qu'il n'y a point de spectateur qui ne prenne dans son cœur le parti de la liberté. Il est important de fiiiL- voir que, dans ce premier acte, Cinna et Emilie s'emparent de tout l'intérêt ; on tremble qu'Js ne soient découvarti. Vous verres qu'ensuite Ml intérêt change. »

��VIN DR LACTE PBEUIEft.

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