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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/333

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ACTE IV, SCÈNE IH 149

Vous me tenez parole, et c'en sont là, Madame.

Après tanl d'ennemis à mes pieds abattus. Depuis vingt ans je règne, et j'en sais les vertus; Je sais leur divers ordre, et de quelle nature Sont les devoirs d'un prince en cette conjoncture: 1250

Tout son peuple est blessé par un tel attentat, Et la seule pensée est un crime d'Etat, Une offense qu'on fait à toute sa province, Dont il faut qu'il la venge, ou cesse d'être prince.

LIVIE.

Donnez moins de croyance à votre passion. 12o5

AUGUSTE.

Ayez moins de faiblesse, ou moins d'ambition.

LIVIE.

Ne traitez plus si mal un conseil salutaire.

AUGUSTE.

Le ciel m'inspirera ce qu'ici je dois faire.

qui refuse de s'ataisser à des considérations si indignes d'elle, et l'on juger» que l'intervention de Livie n'est pas inutile, puisqu'elle fait d'avance mieux devi- ner ce qu'il y aura d'élevé et de désintéresse dans la clémence d'Auguste. 1246. Cen sont là n'est pas harmonicus.

1248. C'est-à-dire : je sais quelles doivent être les qualités d'un souverain. Voltaire voit là b un barbarisme de phrase ou solécisme. » Mais en (du pouvoir monarchique) se rapporte et peut légitimement se rapportera l'idée sous-entendue, plutôt qu'au mot exprimé.

1249. Viar. Je sais les soins qu'an roi doit avoir de sa vie,

A qnoi le bien public en ce cas le convie. (1643-66.)

1253. Ce n'est point simplement, comme se l'imagine Voltaire, pour trouver une rime à prince que Corneille a écrit, à la fin du vers, province, au lieu d'em- pire. On employait ce mot pour désigner un Etat, un pays, en général, non pas telle ou telle province en particulier :

Plutôt que de vous perdre, ils perdront leurs provinces. {Bodogune, 788.) Eu quels lieux sommes-nous? Depuis quand? Et quel prince, Si Tons le connaissez, règne en cette province?

(Rotron, La bague de Coubli, IV, n.) Voici Tambassadeur qui vient de sa province

Voir.Votre Majesté de la part de son prince. (Id., Occasions perdues, IV, vi.)

On nommera ces lieux la province des morts.

(Id.. Ucureuse constance, III, ii.)

U faut, sans pénétrer dans le secret des princes.

Croire qu'ils ont pour but le bien de leurs provinces. (Id., Iphigénie, I, 3.)

Nourri si dignement et né pour la province. (Id., Cosroès, II, n.) On voit, par ce dernier vers, qu'on prenait même alors province, au singulier, dans le sens du latin provincia, gouvernement, pouvoir.

1255. Donner créance s'emploierait mieux aujourd'hui que donner croyance; mais M. Litlré n'a pis de peine à prouver que croyance et créance sont un seul et même mot, dont la prononciation est double, mais ne l'était pas autrefois, selon Vaugelas et Marguerite Buffet ; créance et croyance ont donc le sens d«  umfiance, fides :

Pois-je à de tels discoars donner quelque croyance? (Cid, I, n.)

Je sais ce qu'est un songe, et le peu de croyance

Qu'an homme doit donner à son extravagance. {Polyeucte, V.}

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