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en proie aux mille peliles misères de la vie malérielle. Cor- neille venait de perdre son père : aux embarras que caysa le règlement de la succession se joignirent les difficultés irri- tantes d'un procès. On sait quelles fonctions Corneille exer- çait depuis une dizaine d'années à la table de marbre des Eaux et Forêts de Rouen. Ces fonctions, chèrement payées, étaient plus honorables que lucratives. Et voici que la nomi- tion d'un certain François Hays comme second avocat du roi au même siège réduisait de moitié les profils de la charge acquise par le poète'. Corneille était avocat et Normand: il plaida, comme plaident volontiers ses personnages : car dans le cinquième acte d'Horace on ne compte pas moins de quatre plaidoyers. Son plaidoyer pro domo sua eut-il le même succès que celui du vieil Horace? On ne sait; mais le procès, nous dit-on, fut longtemps pendant et nécessita de nombreuses démarches. A travers tous ces ennuis, ce « Normand drapé de magnanimité romaine^ « voyait se dresser la grande œuvre future et par là prenait patience, tandis qu'à Paris on applau- dissait YAmow' tyrannique de Scudéry.

C'est seulement en 1641 que fut publiée, à Paris, chez Augus- tin Courbé, la première édition à'Horace, in-4o, avec privilège du roi'^. Une autre édition, in-12, la suivit de près, celte même année; puis vinrent successivemeut les éditions de 1645, 1647, 16.54 (à Leyde, chez Jean Sambix, in-12) et de 1692. Dès le xvii« siècle', on en voit paraître une traduction allemande, une hollandaise, par Jean de Wilt, et trois anglaises. En France, le succès à'Eorace semble n'avoir pas été moindre; plus d'un demi-siècle après la première représentation, il se soutient encore : de 1680 à 1715, alors que la gloire de Racine a éclipsé celle du vieux Corneille; on joue vingt-sept fois Cinna, vingt- trois fois le Cid, vingt-deux fois Horace et Œdipe, dont la popu- larité nous étonne un peu aujourd'hui, vingt et une fois RodO' gune. 11 est vrai que, pendant la même période, Britannicus el Phèdre comptent de vingt-huit à (renie représentations *, Mais il faut bien que le triomphe d'Horace ait été tout d'abord écla tant, puisqu'il réduisit à l'impuissance les jalousies prêtes à se déchaîner encore contre le poète, puisque lui-même ose

��1. Notice biographique en tète de l'édition Régnier.

2. M. Desrhanel, Physiologie des écrioains.

3. L'a^lievé d'imprinier est du 15 janvier 164i. Du vivant de Corneille, il y eut cinq éditions distinctes de Cinna.

4. Dospois, le Théâtre-Français sous Louis XIV. Des registres de la Comédie- Française, il résulte que, de 1080 à notre époque, le Cid a été joué 854 fois; Cinna, C22; Horace, 5GI ; Pohjeucte, 305 sculen'.ent. C'est à la un de la RéviV tion et sous le premier Empire qu'on a joué le plus souvent Horac».

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