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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/384

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tO POLYEUCTE

sages où, visiblement, Corneille s'est souvenu de Polyeuctêf bien qu'il n'ail pas réussi à s'y élever à la même hauteur. La profession de foi de Théodore ne rappelle-t-elle pas celle de Polyeucte?

Le Dieu que j'ai juré connaît tout, entend tout ; Il remplit l'univers de l'un à l'autre bout; Sa grandeur est sans borne ainsi que sans exemple; 11 n'est pas moins ici qu'au milieu de son temple... C'est le Dieu des chrétiens, c'est le maître des rois*.

Tous deux ne déclarent-ils pas hautement leur mépris poi* ces M dieux impuissants »,

Ces dieux dont enfin la plus sainte action N'est qu'inceste, adultère et prostitution*?

N'est-ce point la même soif du martyre qui, dans les deux pièces, dévore les âmes chrétiennes?

La mort n'a que douceur pour une âme chrétienne; Votre haine est trop lente à me la procurer... Puisque je suis coupable aux yeux de l'injustice, Je fais gloire du crime, et j'aspire 5U supplice... ...Rends, Dieu, rends-moi le seul bien ou j'aspire : C'est le droit de mourir, c'est l'honneur du martyre- .. Pour la cause de Dieu s'offrir en sacrifice. C'est courir à la vie et non pas au supplice 3.

Voilà ce qui étonne la païenne Marcelle, ce qui lui arrache ce cri :

...Loin de trembler sous la punition, Vous y courez tous deux avec ambition ! Elle semble à tous deux porter un diadème, Vous en êtes jaloux comme d'un bien suprême*.

Plus clairvoyant que Félix, Valens ne s'y trompe pas et sait qu'il n'y a rien à espérer de ces furieux :

Je connais les chrétiens : la mort la plus cruelle Affermit leur constance et redouble leur zèle, Et, sans s'épouvanter de tous nos châtiments. Us trouvent des douceurs au milieu des tourments*

��1. Théodore, 11,4 ; m, 3.

2. Ibid., III, 1.

3. Ibid., II, 4, 3 ; T, 1, 8.

4. Ibid., V, 6.

5. Ibid., II, 7

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