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sirs qu'elle y pourra prendre aussi propres à exercer sa piété qu'à délasser ses esprits. C'est à cette extraordinaire et admi- rable piété, Madame, que la France est redevable des béné- dictions qu'elle voit tomber sur les premières armes de son roi ', les heureux succès qu'elles ont obtenus en sont les rétri- butions éclatantes, et des coups du ciel, qui répand abon- damment sur tout le royaume les récompenses et les grâces que Votre Majesté a méritées. Notre perte sernblàit infaillible après celle de notre grand monaïque ; toute l'Europe avait déjà pitié de nous, et s'imaginait que nous nous allions pré- cipiter dans un extrême désordre parce qu'elle nous voyait dans une extrême désolation : cependant la prudence et les soins de Votre Majesté, les bons conseils qu'elle à pris, les grands courages qu'elle a choisis pour les exécuter, ont agi si puissamment dans tous les besoins de l'Etat, que cette pre- mière année de sa régence a non seulement égalé les plus Glorieuses de l'autre règne, mais a même elfacé, par la prise de Tliionville, le souvenir du malheur qui, devant ses murs, avait interrompu une si longue suite de victoires. Permettez que je me laisse emporter au ravissement que me donne celle pensée, et que je m'écrie dans ce transport :

Que vos soins, grande Reine, enrantent de miracles I Bruxelles et Madrid en sont tout interdits ; Et si notre Apollon me les avait prédits. J'aurais moi-même osé douter de ses oracles.

Sous vos commandements on force tous obstacles; On porte Tépouvante aux cœurs les plus hardis, Et par des coups d'essai vos Etats agrandis Des drapeaux ennemis font d'illustres spectacleSi

La victoire elle-même accourant à mon roi, Et mettant à ses pieds Thionville et Rocroi, Fait retentir ces vers sur les bords de la Seine :

France, attends tout d'un règne ouvert en triomphant,

Puisque tu vois déjà les ordres de ta reine

Faire un foudre 2 en tes mains des armes d'un enfant.

��Il ne faut point douter que des commencements si merveil- euï ne soient soutenus par des progrès encore plus éton-

��1. Il s'agit des surrès de Thionville et de Rorroi, remportés par le Jeune dut d'Enghien et dont Corneille parlera expressément plus loin. i. Sur le gearo du mot foudre, voyez la note du v. 713.

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