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ACTE I, SCÈNE IV 85

(1 offrit dignités, alliances, trésors,

Et pour gagner Sévère il fit cent vains efiorts. 300

A.près avoir comblé ses refus de louange,

Il envoie à Décie en proposer l'échange;

El soudain l'Empereur, transporté de plaisir,

Oli're au Perse son frère, et cent chefs à choisir.

Ainsi revint au camp le valeureux Sévère 30b

De sa haute vertu recevoir le salaire ;

La faveur de Décie en fut le digne prix.

De nouveau l'on combat, et nous sommes surpris.

Ce malheur toutefois sert à croître sa gloire :

Lui seul rétablit l'ordre, et gagne la victoire, 310

Mais si belle et si pleine, et par tant de beaux faits,

Qu'on nous offre tribut . et nous faisons la paix.

L'Empereur, qui lui montre une amour infinie,

Après ce grand succès Tenvoie en Arménie;

Il vient en apporter la nouvelle en ces lieux, 315

Et par un sacrifice en rendre hommage aux dieux.

J99. Alliance est pris ici dans le sens de mariage, comme dans Horace .

Notre loDËtae amilié, l'amonr, ni l'alliance

N'ont pu mettre un moment mon esprit en balance. (4G3.)

300. « Ceiït vains n'est pns harmonieux, et il semble en outre que l'épithète soit enrore un nom de nombre. (M. Gérczez.)

300. Dans ses Remarques sur la langue française, Vaugelas condamne croi7r«  pris activement pour accroître, mais constate aussi que les poètes « s'ém:\nci- pent » jusqu'à méconnaitre cette distinction. En liépit des scrupules de Vaugelas, croître a été maintenu comme verbe actif, en poésie, par le Dictionnaire de l'Académie. Corneille l'emploie très souvent pour accroître :

M'onlonner du repos, c'est croître mes malheurs. {Cid, 7*0.)

Mais la plus bell"3 mort souille notre mémoire

Quand nous avons pu vivre et croître notre gloire. (Cinna, 498.)

311. Si pleine, si complète; pleine a le même sens au v. 25. — " Que l'homme contemple donc la nature dans sa haute èi pleine majesté. » (Pascal, Pensées.)

113. Yar. L'Empereur lui témoigne une amour infinie.

Et, ravi du sueeè-, l'envoie en Arménie. (1643-1656.)

Amour est ici féminin, comme aux v. 689, 1103, 1243, et en d'innombrable* passages de Corneille :

Mais excusez l'ardeur d'une amour fraternelle. [Horace, IIB.)

Quand vous ferez agir toute l'autorité

De ['amour conjugale et de la maternelle. (Agésilas, 921.)

Les deuï passages suivants de Vaugelas, écrits à deux dates différentes, nous montrent que l'emploi du g^enre masculin, plus rare d'abord, ne tarda pas à prédominer : « 11 est inditTérent de le faire masculin ou féminin. Il est vrai pourtant qu'ayant le champ libre, j'userais plutôt du féminin que du masculin, selon l'inclination de notre langue. » [Remarques, 1647.) « Aujourd'hui, dano'la prose, il -l'est plus que masculin ; car en poésie il est toujours hermapbrs dite mais néanmoins plutôt mâle que féminin. » [Observations, 1672.)

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